Voix

Introduction

La voix est une empreinte très personnelle, car sur un mot, par exemple allô, elle vous identifie. La cohérence de votre voix avec votre genre est donc importante.

La voix est parfois, voire souvent, source de dysphorie. Pourtant, elle peut tout à fait être travaillée, évoluer et même devenir source d’euphorie !

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Perception du genre de la voix

On pense souvent que ce qui fait la féminité d’une voix est qu’elle est aiguë, et une voix masculine grave. Or, la perception du genre vocal est bien plus complexe et variée.

  • Le débit et l’intonation vont pouvoir être modulés : un débit plus lent, un allongement des voyelles et une intonation plus modulée sont perçus plus féminins.
  • L’articulation peut être travaillée, légèrement antériorisée chez les femmes, postériorisée chez les hommes.
  • On peut bien sûr jouer sur la hauteur, en trouvant une hauteur qui soit à la fois confortable et plaisante.
  • La résonance est modulable – c’est un élément primordial.

La plupart des points travaillés nécessitent d’abord un travail du souffle, et c’est ce point qui sera abordé en premier généralement, à l’aide de relaxation, mouvements , postures et jeux de souffle (travail à la paille par exemple). Pour donner quelques exemples, vous pouvez écouter la voix d’Anna Mouglalis, connue pour avoir une voix très grave et qu’on perçoit pourtant comme nettement féminine. Dans le duo Dani / É. Daho, Étienne Daho a une voix fondamentalement plus aiguë que celle de Dani, pourtant là encore, on peut distinguer la voix de femme et la voix d’homme.

S’adresser à un·e orthophoniste

Dans le cadre d’une transition, un·e orthophoniste peut vous aider à vous sentir plus à l’aise avec votre voix. Il ou elle vous accompagnera dans l’évolution de votre voix bien sûr, mais aussi dans le cheminement nécessaire pour vous l’approprier, dans le respect de VOTRE rythme et de vos attentes.

Dans le cadre d’une transition, votre orthophoniste peut vous aider à vous sentir plus à l’aise avec votre voix.

Au delà de féminiser ou de masculiniser votre voix, les orthophonistes peuvent vous accompagner dans une démarche pour gagner de l’aisance à l’oral et modifier votre façon de parler, le passing vocal dépendant souvent de la confiance en soi dans la façon de s’exprimer et la manière de parler plutôt que de la hauteur de la voix en elle-même.

Le champ de compétences des orthophonistes est très vaste, et tous·tes ne pratiquent pas la rééducation vocale. Parmi ceux et celles qui travaillent la voix, certains·es là encore ne pratiquent pas la féminisation ou la masculinisation vocale. Les orthophonistes qui pourront vous prendre en charge sont donc a priori déjà sensibilisé·es à la transidentité et formés·es aux différentes techniques.

Prendre rendez-vous

Les délais d’attente peuvent être très longs, plusieurs mois voire un an selon les régions. N’hésitez donc pas à prendre contact assez tôt ! Si l’orthophoniste contacté·e ne peut pas vous suivre, vous pouvez sans problème lui demander les contacts de collègues travaillant la voix. 

Si le téléphone vous met mal à l’aise, vous pouvez tout à fait prendre un premier contact par SMS, c’est souvent bien plus simple aussi pour l’orthophoniste qui ne peut guère répondre durant ses séances.

Les questions que l’orthophoniste peut vous poser au téléphone lors du tout premier contact : votre âge, où en êtes vous dans votre parcours de transition au niveau administratif, si vous avez déjà eu un suivi orthophonique ou si vous avez déjà essayé de travailler votre voix de votre côté. Lors de ce tout premier contact, vous pouvez donner le prénom que vous avez choisi.

Pour vous aider, voici un exemple de SMS pour demander un rendez-vous :

« Bonjour, je suis [nom prénom], je cherche un·e orthophoniste pratiquant la féminisation vocale dans mon parcours de transition de genre. Seriez-vous susceptible de me recevoir ? Et à défaut, auriez-vous des collègues à me recommander ? Cordialement. »

Déroulement des séances

Une prise en charge orthophonique commence impérativement par un bilan. Vous ferez ainsi le point avec votre orthophoniste sur vos attentes, sur les caractéristiques de votre voix actuelle et sur ce que vous pouvez obtenir. Vous recevrez ainsi des explications sur le suivi, les exercices et la durée approximative de la prise en charge.

Vos attentes sont, bien sûr, libres d’évoluer avec le temps et de changer, et c’est même le cas dans la plupart des suivis orthophoniques. Pas de panique si vous arrivez au rendez-vous sans avoir une idée précise de ce que vous attendez de cette séance et du suivi en général.

L’orthophoniste est là pour vous accompagner et voir avec vous comment votre aisance à parler dépend aussi de vos émotions et votre état psychologique.  

En général, une séance par semaine minimum est préconisée, parfois deux selon les disponibilités. Une séance dure environ 30 minutes. Des exercices à faire à la maison sont proposés, et c’est bien souvent de la régularité des exercices « maison » que dépendra l’évolution de votre voix.

Est-ce que les hormones peuvent influencer les résultats de l’entraînement de la voix ?

Pendant la croissance, les cordes vocales se développent sous l’effet principalement de la testostérone. L’arrêt de cette hormone ne réduira pas les cordes vocales.

Dans le cas d’une transition transféminine, si la testostérone a déjà fait muer votre voix, le traitement n’aura aucun effet notable sur celle-ci.

Est-ce que ma voix deviendra automatique ou devrai-je toujours réfléchir pour avoir une voix féminine ?

Rassurez-vous, si pendant quelque temps vous devrez réfléchir consciemment pour utiliser votre nouvelle voix, on s’habitue généralement en quelques mois. Avec le temps, elle deviendra votre voix par défaut et deviendra automatique.

Il se pourrait même que vous ayez à vous concentrer pour utiliser votre ancienne voix ensuite !

Puis je féminiser ma voix si je fume ?

Modalités et remboursement

En général, une séance par semaine minimum est préconisée, à raison de 30 minutes par séance.

Que ce soit pour le bilan ou pour les séances, il vous faudra une ordonnance établie par votre médecin (n’importe quel médecin peut l’établir).

Si vous bénéficiez de l’ALD, vous n’avancez pas les sommes. Toutefois, même sans ALD, ces rééducations sont prises en charge par la sécurité sociale (60 %) et par la CSS (ex-CMU) ou votre mutuelle (40 %). Dans ce dernier cas, vous pouvez demander à votre orthophoniste de pratiquer le tiers payant sur la totalité (aucune avance) ou sur la part complémentaire.

Vous pouvez demander à votre orthophoniste de pratiquer le tiers payant sur la totalité (aucune avance) ou sur la part complémentaire.

Pour rappel : un·e professionnel·le de santé N’A PAS LE DROIT de refuser les ALD et la CSS !

Un bilan coûte 85 €, une séance 28,50 € (tarifs de janvier 2020).

Tous·tes les orthophonistes ne travaillent pas la voix, mais vous pouvez leur demander de vous aiguiller vers quelqu’un pratiquant ces rééducations.

💡La plupart des orthophonistes ont de longs délais d’attente (souvent plusieurs mois), n’hésitez pas à vous mettre sur liste d’attente.

Féminisation VS masculinisation

La prise d’hormones dites masculinisantes (testostérone) va naturellement épaissir les cordes vocales ; dans la plupart des cas, la voix va baisser et muer sans effort de votre part. Pour cette raison, il y a en général moins de personnes transmasculines à réaliser un suivi orthophonique. Néanmoins, comme nous l’avons vu plus haut, la perception du genre vocal ne se limite pas à la hauteur, et tous les autres aspects peuvent malgré tout être travaillés.

Il est également possible pour les personnes transmasculines (FtM, FtX, etc.) de réaliser un suivi orthophonique sans avoir pris de testostérone. Le suivi peut être fait à tout moment : avant, pendant, après la prise d’hormones.

La prise d’hormones dites féminisantes n’aura quant à elle aucun effet physiologique sur la voix, les cordes vocales n’étant pas impactées. La voix n’évoluera donc pas spontanément sans un travail spécifique.

Les freins à la rééducation vocale

Une mauvaise hygiène vocale n’aidera pas. Le tabac, l’alcool et le surmenage vocal sont difficilement compatibles avec un travail efficace.

Le manque de régularité dans les exercices à la maison peut ralentir fortement la mise en place des automatismes. Les progrès seront là mais auront du mal à se transférer dans la vie quotidienne.

Lorsque, pour des raisons X ou Y, on doit conserver son « ancienne » voix par moment, par exemple dans le cadre de son travail ou dans un milieu où l’on n’est pas ouvertement trans, cela complique là aussi l’automatisation. Cela va vous obliger à réfléchir et à choisir quelle voix vous allez prendre selon les circonstances. 

Ce ne sont pas des incompatibilités strictes : certes, elles ralentissent et compliquent la progression, mais ne sont pas rédhibitoires. Quoi qu’il en soit, l’orthophoniste doit vous accompagner à VOTRE rythme.

Opération ou rééducation ? 

Il existe schématiquement 2 types d’opération laryngée. Toutes deux visent à obtenir une fréquence  fondamentale (F0) plus haute, et donc mécaniquement une voix plus aiguë. 

La glottoplastie

L’opération consiste à raccourcir l’ouverture des cordes vocales par des sutures et à réduire leur masse vibratoire. Il s’agit d’une opération par voie endoscopique (par l’intérieur). C’est une opération irréversible qui élève la F0 mais entraîne souvent un éraillement post-opératoire (résorbable), un essoufflement et une baisse de l’étendue et de l’intensité de la voix.

La cricothyropexie

Il s’agit d’une opération par voie externe qui vise à tendre les cordes vocales par suture du cartilage thyroïde (pomme d’Adam) et cricoïde sur leur face antérieure, fréquemment associée à une réduction de la pomme d’Adam. Elle ne touche pas aux cordes vocales à proprement parler, il n’y a donc pas de risque de dégradation vocale. Le risque que les sutures « lâchent » existe même s’il est relativement peu fréquent, le larynx et donc la voix reprennent alors leurs caractéristiques d’avant opération.

La pertinence d’une opération est à discuter votre orthophoniste si vous avez un suivi, et bien sûr avec le ou la chirurgienne. Comme toute opération, elle comporte des risques. 

Quelle que soit votre décision, un suivi orthophonique pré- et post-opératoire sera nécessaire.

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Cet article a été écrit par Jane Doe Silasol (merci pour sa patience).

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