Cet article concerne la France. Contribuer pour d’autres pays
Une hormonothérapie, ou traitement hormonal (TH, ou THS pour « substitutif »), est un traitement à base de différentes hormones.
Il existe de multiples contextes de prise d’un TH : éviter une grossesse non désirée, arrêter le cycle menstruel (pilule contraceptive), contrer ou ralentir les effets de la ménopause, faire suite à un cancer…
Pour les personnes trans, un traitement hormonal peut être souhaité pour bénéficier de certains effets d’une puberté masculine ou féminine, ou bien pour réduire les effets provoqués par les hormones produites naturellement par le corps : pilosité, répartition des graisses, développement musculaire et osseux, arrêt des règles…
Dans la majorité des cas, les étapes pour obtenir un traitement hormonal seront les suivantes :
- Chercher et choisir un·e médecin apte à fournir une ordonnance pour un THS
- Suivi psychiatrique pour obtenir une attestation de non contre-indication (seulement si votre médecin vous le demande, ce qui arrive souvent si c’est un·e endocrinologue)
- Bilans sanguin et hormonal prescrits à l’issue du premier rendez-vous
- Ordonnance délivrée au deuxième rendez-vous suite aux résultats du bilan de santé
- Renouvellement nécessaire plusieurs fois par an
1. Trouver un·e praticien·ne
Prescription d’un TH masculinisant (testostérone)
En théorie, la première ordonnance devra être prescrite par un·e médecin spécialiste :
- endocrinologue ;
- gynécologue ;
- urologue.
En général, ces praticien·ne·s sont les seul·e·s, après bilan sanguin, à pouvoir vous prescrire un traitement hormonal. Les généralistes ne sont pas habituellement habilité·e·s à délivrer une ordonnance pour initier THS. Cependant, en pratique, certain·e·s praticien·ne·s sensibilisé·e·ss au sujet pourrons vous en prescrire ; certaines pharmacies se réserveront le droit d’accepter ou non une telle ordonnance.
En revanche, les médecins généralistes peuvent tout à fait renouveler une ordonnance de testostérone.
Prescription d’un TH féminisant (progestérone et œstrogène)
Un traitement hormonal féminisant peut être prescrit par des :
- généralistes ;
- endocrinologues ;
- gynécologues ;
- urologues.
n général, ces praticien·ne·s sont les seul·e·s, après bilan sanguin, à pouvoir vous prescrire un traitement hormonal.
Trouver les bon·ne·s praticien·ne·s
La plupart des praticien·ne·s (psychiatres, endocrinologues, généralistes, gynécologues…) n’ont pas la formation nécessaire pour prendre en charge des patient·e·s trans et / ou non binaires – à moins que leur formation remonte à une époque où la transidentité était considérée comme une pathologie mentale, par exemple.
Dans ce contexte, plusieurs options son possibles :
- Les planning familiaux de votre ville peuvent délivrer une ordonnance.
- Les associations de votre région ont toujours de bonnes adresses à conseiller.
- La carte de Fransgenre qui collecte des adresses, sourcées par leur communauté, peut vous être partagée sur demande par mail ou via les réseaux sociaux.
- La BDDTrans (base de données trans) liste les praticien·ne·s ayant eu des patient·e·s trans. Attention : le site n’est pas toujours à jour.
- Poser la question sur les réseaux sociaux, ou sur des groupes d’entraide et d’auto-support.
- Compter sur la chance, et prendre contact avec plusieurs praticien·ne·s avant de décider cellui qui vous suivra dans votre transition.
Si vous êtes belge : le site Info Transgenre propose une carte de praticien·ne·s dans la région flamande.
2. Optionnel : attestation psychiatrique
Certain·e·s particien·ne·s, en particulier des endocrinologues, demandent une étape supplémentaire avant de vous délivrer une ordonnance : un diagnostic référentiel d’une dysphorie de genre. Ce dernier prend la forme d’une attestation psychiatrique.
Cette pratique, pouvant repousser de plusieurs mois le début d’un traitement, est pourtant loin d’être obligatoire. Elle peut s’éviter en sollicitant un·e praticien·ne sensibilisé·e aux problématiques trans.
Si vous souhaitez malgré tout passer par un·e endocrinologue demandant une attestation psy, retrouvez toutes les informations utiles à cette démarche sur l’article dédié.
3. Bilan de santé
Lors du premier rendez-vous, votre médecin va vous demander un bilan de santé et vérifier les risques d’une prise de traitement hormonal selon votre profil et vos antécédents familiaux.
Composants possibles d’un bilan de santé
- Prise de sang pour analyse sanguine et hormonale.
- IRM du cerveau (en cas de prise d’Androcur, en raison des risques associés à sa prise sur les moyen et long termes).
- Examen des chromosomes (caryotype).
- Échographie mammaire ou une mammographie.
- Échographie abdomino-pelvienne et / ou testiculaire.
- Tests cardiaques (électrocardiogramme, épreuve d’effort, etc.).
Selon votre ville, si les délais pour la prise de rendez-vous sont longs, nous vous conseillons de vous y prendre à l’avance pour éviter de perdre plusieurs mois d’attente, quitte à annuler votre rendez-vous si vous changez d’avis.
👀 Attention aux abus
Dans la plupart des cas, un bilan sanguin et hormonal (prise de sang) suffisent. Vous demander une batterie de tests médicaux avant un début de traitement sans raison n’est pas un protocole normal.
Prise de sang : les valeurs à analyser
Les valeurs habituellement testées lors d’un bilan sanguin pour début de traitement hormonal sont :
- Testostérone
- Œstrogène
- Prolactine
- LH
- FSH
- TSH
- NFS
- Bilan lipidique
- Glycémie à jeûn
- Bilan hépatique (ASAT, ALAT, GGT)
- Créatinine
Par la suite, il est possible de ne pas tester toutes ces valeurs systématiquement, mais il est recommandé de faire un bilan global de façon régulière.
4. Ordonnance
Suite au bilan de santé, si tout se passe bien, vous recevrez votre ordonnance. Rendez-vous à la pharmacie la plus proche. En cas d’injection (de testostérone notamment), prenez rendez-vous avec un·e infirmier·ère pour vos premières fois. 🎉
Une fois l’ordonnance obtenue, gardez précieusement cette lettre dans vos archives. Faites-en une copie numérique. Elle pourrait vous servir pour le changement de prénom et de mention de sexe, si vous prévoyez de le faire, même si elle n’est désormais plus obligatoire pour accomplir ces démarches.
5. Suivi et renouvellement
Durant la première année, il est nécessaire de faire des bilans hormonaux tous les 3 mois pour pouvoir ajuster les dosages et les méthodes de prise de traitement. (Voir plus haut dans l’article pour la liste des taux à surveiller.)
La durée de prescription d’une ordonnance peut être très variable mais elle aura tendance à s’allonger avec les années et après avoir trouvé un traitement stable et efficace.
Le renouvellement d’une ordonnance peut se faire par l’endocrinologue d’origine, par un·e gynécologue ou un·e généraliste.
💡 Suivre vos résultats
Ouvrez un document dans un tableur (comme Google Sheets, FramaCalc ou Excel) pour noter vos bilans hormonaux à chaque prise de sang. Ainsi, vous pourrez constater l’évolution de vos taux hormonaux et le partager aux médecins qui vous suivent.
Pour les mineurs
Auto-médication
Nous ne pouvons pas vous conseiller de tenter l’auto-médication. Cette pratique peut s’avérer très dangereuse et il sera toujours plus préférable d’avoir un suivi par un·e professionnel·le de santé connaissant le sujet.
Désormais, des consultations en ligne sont disponibles à distance, même pour les personnes vivant dans des régions reculées et qui ont peu de ressources pour se déplacer.
Si malgré tout, à cause de votre situation, vous n’avez pas d’autre choix que de pratiquer l’auto-médication, faites bien attention à vous faire conseiller les produits que vous achetez par des personnes de confiance. Aidez-vous un maximum des associations, des communautés en ligne et des ressources en ligne pour vous former sur le sujet.
Prix et remboursement
Médecin généraliste
Une consultation chez un·e médecin généraliste de secteur 1 (c’est-à-dire sans dépassement d’honoraires) coûte 25 €, est remboursée à hauteur de 16,50 € par la sécurité sociale. Sans mutuelle, vous débourserez 8,25 € pour un rendez-vous.
En secteur 2, le remboursement est toujours de 16,50 € mais le prix varie selon le ou la praticien·ne.
Spécialistes
En secteur 1, une consultation chez un·e spécialiste (c’est-à-dire sans dépassement d’honoraires) coûte 26 €, est remboursée à hauteur de 70 % (17,50 €) par la sécurité sociale si vous passez d’abord par votre médecin traitant. Ainsi, sans mutuelle, vous débourserez 8,25 € pour un rendez-vous.
Si vous prenez rendez-vous directement avec un·e spécialiste, vous ne serez remboursé·e qu’à hauteur de 30 % des 26 €.
Le reste du tarif peut être pris en charge par votre assurance complémentaire ou votre mutuelle. Sinon, en secteur 1, vous payez en moyenne 10 € par rendez-vous.
En secteur 2, le remboursement est aussi de 17,50 € par la sécurité sociale, mais les tarifs peuvent grandement varier selon les spécialistes. N’hésitez pas à demander à l’avance le prix d’une consultation afin de vous éviter de mauvaises surprises.
Prix des hormones
Le prix des hormones peut varier en fonction de la méthode de prise et du produit concerné. Les hormones les plus communes sont partiellement remboursées par la sécurité sociale.
Avec la sécurité en sociale et une mutuelle, vous ne débourserez jamais plus de quelques euros pour les traitements les plus courants, même si vous n’avez pas forcément d’ALD. Et même sans prise en charge par la sécurité sociale, vous ne paierez jamais plus d’une dizaine d’euros par mois.
La seule dépense notable sera l’achat du matériel nécessaire aux injections (ex : 15 € pour 100 seringues).
Détail des prix disponibles sur le site Transposé-e-s : œstrogène et testostérone.
ALD : aide financière disponible pour les personnes trans
Une aide pour les personnes trans existe, vous permettant d’obtenir le remboursement à 100 % de vos consultations psychiatriques. Réfléchissez bien cependant sur les conséquences de l’obtention d’une ALD (les banques auront connaissance de cette information par exemple). En savoir plus sur l’ALDD
FAQ
Quels produits dois-je demander à mon médecin ?
Prenez le temps de considérer les différentes options disponibles pour vous, et de vous renseigner sur le sujet des traitements hormonaux en général, et du vôtre en particulier. Même si votre médecin connaît très bien son domain (ce qui n’est pas le cas systématiquement), il est important que vous puissiez dialoguer ensemble.
Pour en savoir plus sur les produits pouvant être envisagés, rendez-vous dans les pages de notre dossier sur le THS « fémininisant » et sur la page des traitements hormonaux.
⚠️ Androcur
Dans le cadre d’un traitement dit « féminisant », certain·e·s praticien·ne·s vous proposeront un traitement à base d’Androcur, qui est le bloqueur de testostérone le plus connu en France. Cependant, il est désormais critiqué pour ses risques sur la santé, pouvant aller jusqu’à la tumeur cérébrale. Nous vous déconseillons très fortement tout traitement à base de ce médicament.
Combien de temps dois-je prendre le traitement ?
Le traitement est à appliquer tant que vous souhaitez bénéficier des effets des hormones. Selon les besoins et les profils, certaines personnes trans les prendront à vie, d’autres décideront d’arrêter le traitement au bout d’un certain temps (6 mois, 2 ans, 10 ans, etc.) .
Il est possible de les arrêter à tout moment sans risque pour la santé si le corps a des organes capables de produire des hormones sexuelles (présence de testicules ou d’ovaires fonctionnels). Les produits utilisés peuvent varier selon votre santé, des opérations que vous effectuez et vos propres décisions personnelles. Nous déconseillons cependant d’arrêter brusquement un tel traitement. Consultez votre médecin si vous envisagez d’interrompre votre THS.
Après une opération d’ablation des gonades (testicules ou ovaires), une prise de traitement hormonale sera nécessaire pour éviter une carence en hormones qui peut mener à une santé plus fragile et à de l’ostéoporose.
Faut-il arrêter le traitement progressivement ou d’un coup ?
S’il n’est a priori pas dangereux sur le long terme d’arrêter son traitement d’un coup, vous risquez des effets secondaires similaires à ceux d’un manque ou d’un sous-dosage (bouffée de chaleurs, état dépressif, sensibilité accrue, etc.) pendant quelques semaines voire quelques mois, le temps que votre corps puisse naturellement et à lui seul produire de nouveau des hormones.
C’est pour cela qu’il est conseillé d’arrêter son traitement hormonal substitutif progressivement et de le faire en étant suivi·e médicalement.
Que se passe-t-il en cas d’arrêt du traitement ?
Certains changements induits par les THS sont permanents.
Après l’arrêt d’un traitement hormonal dit « masculinisant » :
- la voix peut remonter légèrement chez certaines personnes mais les changements restent ;
- La pilosité peut décroître un peu mais reste ;
- l’hypertrophie du clitoris reste ;
- les autres changements (odeur corporelle, texture de la peau, densité des cheveux, répartition des graisses) sont réversibles.
Après l’arrêt d’un traitement hormonal dit « féminisant » :
- les seins deviennent plus petits mais restent ;
- les autres changements (odeur corporelle, texture de la peau, densité des cheveux, répartition des graisses) sont réversibles.
Ainsi, dans les deux cas, la répartition des graisses va se faire dans « l’autre sens ». La vitesse à laquelle cela va se passer va dépendre des personnes, mais en général, plus le traitement a été pris longtemps, plus la re-répartition sera lente.
Si vous ne souhaitez pas cela, ou si votre corps n’a pas ou plus la possibilité de produire lui-même des hormones sexuelles (présence de testicules ou d’ovaires fonctionnels), le traitement sera à vie.
Il est par ailleurs tout à fait possible d’interrompre un traitement hormonal et de le reprendre plus tard.
Il est également possible recourir à un traitement hormonal microdosé (qui remplace seulement partiellement votre hormonologie naturelle). Les changements seront les mêmes qu’un traitement hormonal « classique », mais seront moins intenses et mettront plus de temps à arriver.
Plus d’information à propos des traitements sur la brochure réalisée par OuTrans.
Quels effets sur ma fertilité ?
Après quelques mois de prise de traitement, la plupart des personnes trans voient leur fertilité réduite, voire ne sont plus fertiles. Dans certains cas, l’arrêt prolongé (environ 6 mois) du traitement peut permettre de retrouver sa fertilité. Mais nous vous conseillons de ne pas compter là-dessus car le retour à la fertilité n’est pas systématique.
Si vous souhaitez débuter un traitement hormonal et que vous avez pour projet d’avoir des enfants, renseignez-vous sur la conservation de vos gamètes avant le début du traitement.
Plus d’informations sur notre article dédié et sur les pages pour les hommes trans et les femmes trans du site infotransgenre.be.