PMA : Procréation Médicalement Assistée pour les personnes trans

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Dernière mise à jour en décembre 2022

Depuis la loi de 2016, une personne trans peut changer d’état civil sans être stérile. Même si cela rend compliqué l’établissement de la filiation, des personnes trans peuvent donc avoir des enfants sans assistance médicale. La loi bioéthique de 2021 a par ailleurs ouvert la PMA aux « couples de femmes » (au sens de l’état civil), sans l’ouvrir aux personnes trans ayant changé leur état civil.

Malgré tout, de nombreuses personnes trans ont besoin d’une assistance médicale pour procréer. Lorsqu’une personne veut utiliser ses gamètes (ovocytes ou sperme) et qu’elle ne les produit plus au moment où elle souhaite faire un enfant, la procréation médicalement assistée peut impliquer une autoconservation des gamètes préalable aux traitements ou opérations stérilisantes, parfois des années avant.

La procréation médicalement assistée (PMA) désigne un ensemble de techniques, mais les personnes trans sont essentiellement concernées par deux d’entre elles :

  • l’insémination artificielle, qui consiste à placer du sperme dans un utérus sans rapport sexuel
  • la fécondation in vitro (FIV), qui consiste à féconder en laboratoire un spermatozoïde et un ovule tous deux préalablement conservés ou prélevés, puis implanter l’embryon ainsi conçu dans un utérus

Le sperme ou les ovocytes peuvent provenir des parents, en étant prélevés juste avant, ou venant d’une conservation, ou bien de donneurs anonymes. L’utérus peut être celui d’une femme cis ou d’un homme trans. Si l’embryon n’est pas implanté dans l’utérus d’un des deux parents, mais dans celui d’une autre personne, on parle de gestation pour autrui (GPA), qui est interdite en France aujourd’hui.

Aujourd’hui, ce qui est déjà possible

Les couples composés d’une femme cis et d’un homme trans ayant effectué son changement d’état civil sont légalement des couples hétérosexuels comme les autres. Si la femme porte l’enfant, ils peuvent donc en théorie avoir accès à la PMA, en faisant appel à un donneur de sperme anonyme, et établir la filiation comme un couple hétérosexuel cis !

C’est le seul cas où une personne trans ayant changé son état civil peut actuellement avoir accès à l’aide médicale à la procréation. 

La loi bioéthique a cependant ouvert la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Les couples composés d’une femme cis et d’une femme trans y ont donc accès comme les couples de femmes lesbiennes cis, c’est à dire en théorie en utilisant les spermatozoïdes d’un donneur anonyme.

En plus d’ouvrir l’accès à l’assistance médical à la procréation, la loi a créé un nouveau mode de filiation pour les PMA dans les couples lesbiens. Celui-ci permettra d’établir une filiation entre l’enfant et la mère qui ne le porte pas.

Ce qui n’a pas changé avec la loi Bioéthique de 2021

Le gouvernement a exprimé un avis tranché sur plusieurs points, et si quelques députés ont essayé de modifier la loi, la majorité a suivi son avis sur les points suivants :

  • La PMA pour les hommes trans : le texte limite l’accès aux seules femmes cis et personnes assignées filles n’ayant pas changé leur mention de sexe à l’état civil. La loi crée pas d’accès à la PMA pour une gestation par les hommes trans ayant changé leur mention de sexe à l’état civil.

    Cela a été la position du gouvernement durant les premiers débats, et très peu de députés se sont mobilisés pour aller contre. Elle a été aussi confirmée par le conseil constitutionnel après le vote de la loi.
  • L’interdiction de la GPA : il restera illégal de faire appel à une mère porteuse en France. La personne qui porte l’enfant devra être la mère. Il est peu probable que la reconnaissance de la filiation des enfants conçus par GPA à l’étranger progresse par cette loi, mais cela n’est néanmoins pas totalement exclu. 

Ce qui peut dépendre de l’application de la loi et de la jurisprudence

Bien que le gouvernement a explicitement dit pas vouloir permettre de « filiation transgenre » (quoi que cela veuille dire pour eux), certaines choses dépendent de l’interprétation de la loi, et restent encore incertaine. C’est la jurisprudence, au cours des prochaines années, qui viendra probablement les régler.

En pratique, le nouveau mode de filiation pour les femmes lesbiennes permet peut-être :

  • La filiation pour les couples de femmes hors PMA : le nouveau mode de filiation n’est prévu pour fonctionner que dans le cas d’une PMA. Pour l’instant, il ne permet pas d’établir la filiation avec la femme qui ne porte pas l’enfant dans le cas d’un enfant conçu hors d’un cadre médical. De possibles procès à venir pourrait amener à une nouvelle jurisprudence, mais peut-être faudra-il toujours passer par l’adoption.
  • L’utilisation des spermatozoïdes autoconservées d’une femme trans, et non d’un donneur, pour une PMA avec une femme cis. Cela n’est pas explicitement interdit. Les articles de la loi décrivant l’établissement de la filiation mentionnent la signature d’un « consentement au don ». Cependant, une fois la « reconnaissance conjointe anticipée » signée, il se peut que vous puissiez déroger au cadre de la PMA avec donneur. Rapprochez vous d’un avocat si vous souhaitez tenter ce type de parcours.
  • De la même manière, vous pouvez peut-être essayer de faire en France les démarches nécessaires à l’établissement d’une filiation pour une PMA effectuée à l’étranger. Si c’est le cas, cela pourra peut-être permettre à des femmes trans d’utiliser leurs gamètes à l’étranger, prélevées et autoconservées là-bas, ou importés depuis la France. Là aussi, rapprochez vous d’un avocat si vous souhaitez tenter ce type de parcours.
  • La ROPA, technique qui consiste à utiliser l’ovocyte d’un membre du couple pour la fécondation, et implanter l’embryon dans l’utérus de l’autre membre, sera probablement interdite. Utilisée dans d’autres pays pour permettre à des couples de femmes cis effectuant une PMA d’avoir toutes les deux un lien biologique avec l’enfant, elle peut aussi être utilisée avec un ou des hommes trans.

Certaines choses seront peut être refusées par les médecins ou par l’administration dans un premier temps, puis autorisées par un tribunal, dont la décision fera alors jurisprudence.

✍️ Mis à jour par Maud Royer

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