La non-binarité, c’est quoi ?

Introduction

Lorsqu’un bébé naît, un genre lui est attribué en fonction de l’apparence de ses organes génitaux : fille ou garçon. L’expression couramment employée est : « une personne assignée fille / garçon à la naissance. »

Les conséquences sociales de cette assignation ne relèvent pas de la biologie de la personne mais du genre et, plus tard, de l’identité de genre qu’elle va exprimer. Par exemple : mettre tel vêtement, pratiquer telle activité, dire « il » ou « elle », etc.

Lorsque le genre n’est ni exclusivement masculin, ni exclusivement féminin, il est non binaire. Les expressions homme, femme et personne non binaire renvoient à des identités de genre. L’identité de genre n’est pas liée à la biologie.

C’est-à-dire qu’une personne non binaire n’est ni exclusivement un homme, ni exclusivement une femme : elle peut être entre les deux, un mélange des deux ou aucun des deux. La non-binarité peut être également le fait d’avoir un genre fluide dans le temps.

La non-binarité se retrouve dans toutes les catégories sociales, dans tous les milieux, et à tout âge.

La non-binarité est un ensemble de vécus très variés, pouvant s’exprimer de manière très différente selon les individus, que nous allons explorer dans la suite de l’article.

Ne pas confondre

Cela ne doit pas être confondu avec l’intersexuation, qui est une variation anatomique, hormonale et / ou chromosomique. L’intersexuation correspond au fait d’avoir des caractéristiques sexuelles primaires ou secondaires qui ne se rattachent ni strictement à la catégorie définie comme mâle, ni strictement à la catégorie définie comme femelle.

La non-binarité est un fait social qui ne dit rien sur la biologie.

La non-binarité ne correspond pas non plus à l’androgynie, qui décrit une apparence physique qui mélange les marqueurs esthétiques masculins et féminins.

Reconnaissances dans le monde

Le vécu non binaire, s’il a toujours existé, obtient de plus en plus une reconnaissance sociale et légale. Des études réalisées en France suggèrent qu’entre 6 et 14 % des Français·es âgés·es de 18 à 30 ans se déclarent non binaires (sources : ici et ).

  • Reconnaissance légale : en Australie, en Allemagne, au Canada et plus récemment en Belgique il est possible d’avoir un marqueur X à la place des M et F habituels sur ses papiers d’identité.
  • Reconnaissance publique : de plus en plus de personnalités publiques assument au grand jour leur non-binarité. C’est le cas de l’artiste Sam Smith, la journaliste du Guardian Jack Monroe, la chanteuse Miley Cirus. En France, Bilal Hassani à récemment explorer cette partie de son identité dans son album « Il ou elle« . En découvrir +
  • Reconnaissance sur Internet : Facebook, Google, Tinder… Les géants du web, quand ils demandent un genre ou des pronoms, offrent désormais la possibilité de choisir une option différente que homme et femme. Facebook propose ainsi 52 dénominations pour nommer son identité de genre. Google permet également de choisir des emojis neutres.

Idées reçues 

Stéréotypes de genre et non-binarité

Est-ce que les filles « garçons manqués » et les garçons efféminés sont non binaires ?

Non : un homme (cis ou trans) avec des traits féminins reste un garçon. Qu’il ait des manières et/ou une allure féminines ne change pas cela. C’est la même chose pour une femme considérée comme masculine. Il ne faut donc pas confondre l’identité de genre avec l’expression de genre.

Comment déterminer si une personne est non binaire ?

On sait qu’une personne est non binaire à la suite d’un coming out non binaire de sa part. Ou bien si sa non-binarité est affichée publiquement, sur les réseaux sociaux ou sur Wikipédia par exemple.

On ne pourra donc jamais déduire la non-binarité d’une personne à son apparence. Ce n’est pas parce qu’une personne a des caractéristiques physiques hors des normes de genre qu’elle est non binaire.

Arriver à déconstruire ses a priori par rapport au genre et à son expression est fondamental pour comprendre de quoi il est question quand on parle de non-binarité.

Comment c’est, d’être non binaire ?

Invisibilité

Malgré les reconnaissances légales et sociales qui font leur chemin, le vécu non binaire reste aujourd’hui invisible et mal compris du grand public. Elle est connue avant tout par les personnes concernées, ou ayant elles-mêmes un·e proche non binaire.

En France, dans une large partie de la société, deux genres seulement (homme et femme) sont reconnus. Les personnes non binaires vivent donc souvent une impossibilité de rendre leur vécu visible.

À moins de se trouver dans un environnement sensibilisé, les personnes non binaires devront initier elles-mêmes des démarches et des coming out pour être reconnues, l’autre solution étant de se faire passer pour un homme ou une femme (cis ou trans).

Le besoin de soutien

Dans ce contexte où il est difficile pour les personnes non binaires de parler au grand jour de leur identité, il est d’autant plus important, en tant que membre de la famille, partenaire, collègue ou camarade, d’affirmer un soutien audible et actif à ses proches non binaires.

En tant qu’allié·e, vous pouvez manifester votre soutien auprès de votre proche :

  • en respectant le choix d’un nouveau prénom et de nouveaux pronoms (et en se corrigeant en cas d’erreur) ;
  • en reprenant les collègues ou amis·es qui se trompent ou refusent de se corriger ;
  • En lui offrant de nouveaux vêtements qui correspondraient à une nouvelle expression de genre souhaitée ;
  • en l’accompagnant à des rendez-vous liés à leur transition médicale ;
  • en lui proposant d’être à ses côtés (physiquement ou psychologiquement) pour ses coming out ;
  • en acceptant de faire son coming out à sa place s’iel vous le demande (quand iel ne se sent pas de le faire par exemple).

Un spectre d’expériences

De la même façon qu’il y a une infinité de façon d’être femme ou d’être homme, chaque personne non binaire aura une expérience unique de son genre et aura une manière personnelle de la raconter.

Un vécu non binaire ne peut pas être généralisé, et ce à plus forte raison que le spectre des identités non binaires est très large.

Il n’y a pas vraiment de « truc » à comprendre. Il s’agit pour vous d’écouter ce que votre proche veut vous dire et de respecter son identité, avec recul et bienveillance.

Exemple de parcours de personnes non binaires :

  • Une personne effectuant une transition hormonale ainsi que certaines opérations et préférant des pronoms neutres (comme iel/ellui ou ael), parce que sa perception de son genre est « plutôt femme, mais pas entièrement ».
  • Une personne ne souhaitant pas faire de transition médicale et demandant à ses proches de l’appeler par un prénom mixte, et d’alterner les pronoms féminins et masculins, parce que c’est ainsi qu’elle trouve un équilibre.
  • Une personne transmasculine (assignée femme à la naissance) ayant effectué une transition hormonale et qui souhaite garder une apparence très masculine tout en utilisant de nouveaux des pronoms féminins car c’est comme ça qu’elle a trouvé un équilibre dans l’expression de sa non-binarité. (Ou l’inverse pour une personne transféminine.)
  • Une personne qui a une apparence que l’on qualifierait de très masculine ou très féminine, et qui a demandé à tous ces cercles sociaux d’utiliser des tournures de phrases non genrées, car aucun pronom ne lui convient vraiment. Cette personne n’a pas changé de prénom car son prénom était déjà mixte à la base.
  • Une personne qui a effectué un transition médicale et administrative, et qui utilise les pronoms « il/lui », car c’est ce qui se rapproche le plus de son genre.
  • Une personne qui a eu besoin d’avoir recours à une mastectomie sans prendre de traitement hormonal. La définition de son genre lui importe peu.
  • Une personne qui a pris des hormones pendant plusieurs années, puis qui a arrêté pour s’androgyniser. Ainsi, elle peut aussi bien avoir passing d’homme que de femme en fonction de ce qu’elle veut.
  • Une personne qui n’utilise un autre prénom qu’au sein de son cercle amical, qui ne veut pas le changer officiellement et qui n’a pas la possibilité, vis-à-vis de sa famille, de démarrer le traitement hormonal qu’elle souhaiterait. Elle ne sait pas encore si elle aimerait se faire opérer plus tard et n’a de toute façon pas encore l’aisance financière de le faire.

« On me dit Bonjour madame d’un bout de la rue, Bonjour monsieur après que je l’ai traversée. Parfois, les gens hésitent à me genrer. Avant, ça me faisait mal. Aujourd’hui, ça m’amuse et me fait plaisir, parce que je suis plus à l’aise avec moi-même, ainsi qu’avec le flou de genre dans lequel je navigue. »

Malha, non binaire, 21 ans

Dysphorie de genre

On appelle dysphorie de genre l’inconfort voire la souffrance que vivent certaines personnes vis-à-vis de l’inadéquation entre le genre qui leur a été assigné à la naissance et leur genre véritable. Certaines personnes trans, binaires ou non, ressentent de la dysphorie.

Ces décalages peuvent provoquer une dissociation vis-à-vis de l’image que l’on a de soi-même. Cela peut aller du simple inconfort d’entendre son prénom de naissance à la haine de son corps, conduisant parfois à la dépression voire au suicide, en particulier dans un environnement hostile. La douleur peut être physique et mentale.

Les seules manières connues de réduire la dysphorie est l’acceptation de l’entourage et la transition de genre telle qu’elle veut être réalisée par la personne concernée.

Toutes les personnes non binaires ne ressentent pas nécessairement de la dysphorie. La présence ou l’absence de dysphorie n’est pas un critère pour confirmer ou discréditer la non-binarité d’une personne.

« Depuis que je sais que je suis non binaire et que je le revendique, la sensation d’être inadéquat dans ce monde et dans cette société s’est allégée, puisque je n’ai plus l’impression que le problème vient de moi. »

Vio, non binaire, 20 ans

Accepter la différence

Il n’est pas possible de se mettre à la place d’une personne parlant une langue différente de la vôtre, ou ayant une sexualité différente de la vôtre. Cela n’empêche pourtant pas de vivre et d’échanger avec elle.

C’est le même principe pour le genre.

Apprenez à accepter qu’il est impossible de se mettre totalement à la place d’une personne non binaire si l’on n’est pas soi-même non binaire aussi. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’est pas possible d’accepter et de soutenir ses proches non binaires.

Ça change quoi, qu’une personne soit non binaire ?

Si une personne vous annonce qu’elle est non binaire, cela veut dire que l’idée que vous aviez de son genre était fausse, car différant du genre sous lequel vous la connaissiez.

Adapter son comportement

Les personnes non binaires demandent souvent à leur entourage de changer quelques détails :

  • leur prénom (parfois pour un prénom neutre mais pas forcément) ;
  • leurs pronoms (il/lui, elle, ou des néo-pronoms comme iel/ellui, ael, ol…) ;
  • la façon dont on s’adresse à elles (enfant au lieu de fils ou fille ; utiliser des termes neutres…) ;
  • la façon de les considérer en présence d’autrui (saluer autrement qu’en faisant la bise ou en serrant la main…).

Au travail ou en entreprise, les personnes non binaires peuvent demander à être marqués·es comme Mx à la place de M. ou Mme dans les papiers internes à la structure.

Plus d’informations sur comment parler d’une personne non binaire

Réagir à un coming out

Il est important de comprendre qu’annoncer sa non-binarité est difficile : c’est l’aboutissement d’une longue réflexion et le signe que votre proche non binaire vous fait confiance.

Votre proche aura besoin de votre soutien, particulièrement pendant l’annonce et durant les premiers mois et années après le coming out. Sa non-binarité n’efface pas la relation que vous avez construite ensemble, ni les points communs qui vous rapprochent.

Son coming out est une preuve de confiance : considérez cette confidence comme une opportunité de mieux connaître votre proche et de faire grandir votre relation.

Ainsi, faire comme si rien ne s’était passé et continuer de considérer la personne exactement comme avant, en ignorant ou en rayant ses demandes, est un manque de respect.

« Les représentations de la non-binarité sont extrêmement négatives et sont des sources de blagues. On nous voit comme des personnes coupées de la réalité, qui sont dans un délire. Demander des pronoms et accords dégenrés est vu comme un caprice… Le décalage et les préjugées sont si forts que la communication semble parfois impossible.»

Riwallon, non binaire

Lexique non-binaire

Avec le temps, un lexique s’est formé regroupant des sous-catégories, décrivant des vécus non binaires différents. Par exemple : agenre, genderqueer, demiboy ou demigirl, genderfluid (fluide dans le genre), xénogenre…

Pour en savoir plus, accédez à un lexique de termes liés à la non-binarité.

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Documentation

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