Augmentation mammaire

Introduction

Cet article propose de la documentation sur la mammoplastie, ou augmentation mammaire, dans le cadre d’un parcours transféminin.

La pousse des seins pouvant durer plusieurs années, il est conseillé d’attendre au minimum deux ans avant de s’engager dans une opération d’augmentation mammaire, au risque de se retrouver au final avec une poitrine plus volumineuse qu’espérée.

La pose de prothèses mammaires est l’une des interventions la plus pratiquée dans le monde, avec près d’1,8 millions de procédures en 2013 (source ISAPS).

⚠️ Cet article contient des photos de nudité et des schémas graphiques

Prix et remboursement

Quel est le prix d’une augmentation mammaire ?

Le prix d’une mammoplastie peut varier de 2000 à 5000 euros, dépassement d’honoraires compris.

Les dépassements d’honoraires peuvent varier entre 1000 et 2000 euros. Ils sont négociables ; discutez-en avec votre chirurgien.

Quels sont les situations où le remboursement est possible ?

Les augmentations mammaires peuvent entrer dans le cadre d’une demande de remboursement ALD. Selon votre chirurgien et l’Assurance Maladie de votre région, les règles pourront être différentes.

Dans le cas d’un remboursement, ce dernier ne prendra pas en compte les dépassements d’honoraires et nécessite une demande d’entente préalable.

Hors ALD, en tant que femme, il est aussi possible d’obtenir remboursement dans trois situations :

  • La poitrine est très peu développée après plusieurs années de traitement hormonal.
  • Les seins sont tubéreux (en forme de tube).
  • L’asymétrie est très marquée, correspondant à au moins un bonnet d’écart.

Il faudra également faire une demande d’entente préalable.

Comment compléter une demande d’accord préalable ?

C’est votre chirurgien qui vous fournira un formulaire de demande d’accord préalable à compléter. Il vous faudra l’adresser au service médical de votre assurance maladie. Le médecin-conseil vérifiera ensuite les éléments cliniques et donnera ou non son accord. Plus d’informations ici

Que faire en cas de refus ?

Il semblerait qu’il soit de plus en plus compliqué d’obtenir un remboursement ALD. Selon les cas, l’obtention de l’entente préalable peut être longue ou difficile.

Selon le médecin conseil qui étudiera votre dossier, il pourra vous complexifier la tâche en vous demandant un dossier contenant des attestations de psychologue, endocrinologue et chirurgien (ce qui est le protocole SOFECT, et ne devrait pas s’appliquer aux personnes trans ne suivant pas ce parcours)…

Dans un tel cas, ou suite à un refus, vous pouvez réessayer de faire une demande, contacter le Défenseur des Droits ou suivre notre article détaillé sur le sujet.

Comment savoir si ma poitrine peu développée est éligible à un remboursement ?

Prenez un mètre ruban et mesurez votre tour de poitrine au niveau des mamelons puis sous la poitrine : si l’écart est inférieur à 4cm, alors parlez à votre chirurgien de cette possibilité de remboursement. Vous aurez peut-être une chance de vous faire rembourser, même si les CPAM peuvent se montrer agressivement radines.

Remboursement via la mutuelle

Votre mutuelle peut vous aider à financer cette opération. Elle peut aussi prendre en charge les dépassements d’honoraire. Rapprochez-vous de votre mutuelle pour plus d’information sur les tarifs et les aides proposées.

Parcours SOFECT

En cas de parcours SOFECT, une mammoplastie est envisageable après 2 ans de suivi psychiatrique, plus un certificat cosigné par le chirurgien, le psychiatre et l’endocrinologue pour accorder le remboursement.

Méthodes d’augmentation

L’augmentation mammaire peut s’effectuer avec une prothèse en silicone, sérum physiologique ou hydrogel, ou bien par une technique de lipofilling. Chaque technique possède ses avantages et inconvénients. Le choix de la méthode se fait au cas par cas en discutant avec votre chirurgien..

1. Prothèse en gel silicone

Présentation

Le gel de silicone est le produit le plus utilisé actuellement. Il représente environ 80 % des prothèses. C’est un produit cohésif qui reproduit la consistance naturelle des vrais seins. 

En cas de fuite

Il est possible que de petites quantités de silicone fuient et se propagent dans le corps. Dans ce cas, l’organisme se défend en entourant ce gel de silicone échappé d’une petite coque fibreuse : c’est ce qu’on appelle les siliconomes. Souvent sans danger mais gênants, ils peuvent donner des masses plus ou moins dures, comme les ganglions. Même s’ils ne sont pas dangereux, ils témoignent d’une rupture ou d’un suintement de l’implant, le retrait de la prothèse est alors nécessaire avec l’aide d’un chirurgien spécialisé.

L’écoulement de gel de silicone en dehors de la prothèse, par rupture de la paroi ou porosité, peut provoquer des douleurs, une sensation de brûlure, avec un sein qui devient chaud. Ce sont les signes directs de l’inflammation.

Parfois, il peut également y avoir des signes indirects : le sein devient dur, se déforme, peut augmenter progressivement de volume. Cela est dû à la réaction de défense du corps, qui crée une paroi pour isoler ce corps étranger. C’est cette « coque » qui sera enlevée par le chirurgien lors de l’opération. Dans ce cas, l’implant est aussi retiré, et il faudra en installer un nouveau.

Si la formation de coque représente 3% et 5% des prothèses, seules 0,5% à 1% sont douloureuses et nécessitent une réintervention. Dans le cas où les coques sont apparues récemment, l’application de patchs anti-inflammatoires permet d’enrayer toute évolution.

2. Prothèse en sérum physiologique ou hydrogel

Présentation

Une prothèse remplie de sérum physiologique (eau contenant une concentration de sel équivalente à celle du sang) ou d’hydrogel (mélange d’eau et de sucre) qui, selon la façon dont elle est placée, peut donner un résultat tout aussi excellent que le silicone.

Les prothèses en sérum physiologique ont l’inconvénient d’être un peu plus fragiles que celles en silicone. Toutefois, suite à l’affaire PIP (Poly Implant Prothèse), elles sont de plus en plus demandées, tout comme les prothèses en hydrogel. Complètement naturels, ces produits offrent le maximum de sécurité en cas de détérioration.

En cas de fuite

Lorsqu’il existe une brèche de l’enveloppe prothétique, le dégonflement de la prothèse mammaire est rapide (quelques jours) et le plus souvent total. Le sérum physiologique ou l’hydrogel contenu dans la prothèse est en effet rapidement résorbé par votre organisme et n’a absolument aucune toxicité. Le diagnostic est donc simple et le plus souvent réalisé par la patiente elle même.

Le seul inconvénient est d’ordre esthétique car la rupture se produit d’un seul côté à la fois. Le remplacement des prothèses mammaires peut donc être envisagé. Il est également possible de percer volontairement la deuxième prothèse pour symétriser la poitrine (sous anesthésie locale).

3. Lipofilling

Présentation

Le lipofilling est une alternative à l’augmentation mammaire par implants prothétiques en gel de silicone ou en sérum physiologique. Le principe de l’intervention est de prélever votre propre graisse dans une zone du corps par liposuccion, puis de la réinjecter dans les seins, après purification, dans le but d’augmenter leur volume à vos seins.

Cette technique ne peut être réalisée que si la quantité de graisse disponible sur le corps est suffisante. Le volume injecté peut aller jusqu’à 300 millilitres par sein, sachant que des retouches peuvent être nécessaire car 20 à 50 % du volume se résorbent au cours des semaines suivantes.

Cette intervention peut être renouvelée plusieurs fois, jusqu’à obtenir le volume mammaire souhaité ; la seule limite est la graisse disponible sur le corps.

Les 2 ou 3 cicatrices réalisées pour prélever la graisse sont très petites (1 cm environ) et dissimulées dans des zones non visibles. Il n’y a pas de cicatrice visible au niveau des seins : la graisse est introduite par une aiguille de petite taille, qui permet de déposer des centaines de petits filets de cellules graisseuses et augmente le volume du sein.

Il n’y a pas de drain (ni au niveau des zones prélevées ni au niveau des seins). Une gaine est habituellement mise en place au niveau des zones où la graisse a été prélevée (abdomen) ; elle est retirée lors des douche et il est conseillé de la porter pendant au moins 10 jours.

Un système américain (BRAVA) permettrait d’optimiser le lipofilling : le port d’une ventouse médicale pendant un mois améliorerait la prise de la graisse sur le sein, mais cette technique est encore peu répandue en France.

Les risques

Pendant longtemps, le lipolifting a été associé à des risques de cancer du sein, mais ne l’est plus, d’après le recommandations de la Haute Autorité de Santé. Cependant par précaution, le lipofilling est contre-indiqué dans le cas d’antécédents de cancer du sein dans la famille (tumorectomie partielle).

Il peut aussi y avoir un risque d’infection, de microcalcifications (petites taches blanches pouvant prêter à des discussions de diagnostic à la radiographie), et de formation de kystes graisseux palpables.

Voies d’accès

Il existe trois voies pour la mise en place des prothèses. Chaque méthode laisse une cicatrice plus ou moins visible :

1. Par l’aisselle (voie auxiliaire)

En passant par le pli naturel de l’aisselle, on évite les cicatrices sur les seins. Cette voie est proposée pour une première augmentation mammaire.

2. Sous le sein (voie sous-mammaire)

Le passage par le sillon sous-mammaire laisse une cicatrice sous les seins. Si elle évite de toucher aux mamelons, la cicatrice est mieux masquée si la patiente présente une ptôse ou un volume mammaire déjà conséquent. 

3. Par l’aréole du sein (voie hémi-aréolaire inférieure)

En passant par la zone aréolaire, la cicatrice est dissimulée dans la pigmentation naturelle de cette zone. Cette technique n’est pas possible dans le cas où l’alvéole n’est pas très développée (ce qui est souvent le cas chez les femmes trans). Dans certains cas, elle peut résulter à une réduction de la sensibilité des mamelons.

Emplacement des prothèses

Il existe plusieurs zones où les prothèses peuvent être installées. Ces différentes techniques font varier le résultat visuel, la douleur et la constance du rendu dans le temps. Il vous faudra choisir avec votre chirurgien celle qui vous convient le mieux, ou bien ce dernier vous proposera la technique qu’il considère correspondre à votre besoin spécifique.

1. Sous les muscles pectoraux

C’est la technique la plus répandue. Hors cas de seins tombants, votre chirurgien vous proposera cette méthode qui permet de mieux protéger les implants, assurer une texture “naturelle”, des contours plus doux et un meilleur maintien de sorte à éviter des affaissements.

Cette technique est plus douloureuse que les autres parce qu’elle implique des déchirements musculaires lors de la pose.

2. Devant les muscles pectoraux

Cette technique est choisie en cas d’affaissement des seins. Elle a l’avantage d’être moins douloureuse que la pose sous les muscles et l’opération est plus rapide. Mais le résultat peut être moins “naturel”, et le risque de coque de la prothèse est plus élevé.

3. Technique Dual Plan

Méthode hybride, la technique Dual Plan consiste à poser la partie haute de la prothèse derrière le muscle, et la partie basse derrière la glande (devant le muscle), pour bien remplir le volume inférieur du sein. Le résultat promet un rendu plus “naturel” au fil des années, et la douleur après l’opérateur est moins intense que la technique 100% sous le muscle.

Types de prothèse

1. Prothèses mammaires anatomique

La prothèse anatomique reproduit la forme du sein, forme de poire ou de goutte. Il y a un risque d’altération de la forme du sein en cas de rotation de la prothèse.

2. Prothèses mammaires ronde

La prothèse ronde ne présente pas de risque esthétique en cas de rotation de celle-ci. Elle est notamment utilisée pour créer un effet de décolleté positionnée sur la partie haute des seins.

L’opération

Combien de temps dure l’opération ?

L’opération peut durer de 40mn à 2h30 selon la voie d’implantation choisie et la disposition des prothèses.

Quelle anesthésie pour la mammoplastie ?

La première pose des prothèses se fait systématiquement en anesthésie générale. 

Lors des fois suivantes (pour le changement des prothèses tous les 15 ans), il est possible de choisir une anesthésie localisée.

Convalescence et post-opératoire

Combien de temps dois-je rester à l’hôpital suite à l’opération ?

Comptez 2 jours d’hospitalisation. Votre chirurgien vous demandera de porter une brassière de contention jour et nuit pendant un mois à un mois et demi, et ce dans le but de fixer la prothèse avec les tissus l’entourant.

Arrêts et reprise des activités

  • 5 à 10 jours de convalescence à la maison
  • Préparez un arrêt de travail qui peut aller jusqu’à 2 semaines
  • Evitez le sport durant les 2 mois après l’opération.

Est-ce que c’est douloureux ?

Après l’opération, la douleur à la poitrine dure entre 3 et 5 mois. Elle peut être forte, en particulier si vous choisissez la pose sous le muscle pectoral. Le chirurgien vous prescrit des antalgiques pour aider durant cette période.

Comment se déroule la cicatrisation ?

Votre chirurgien vous proposera, après les première semaines, de masser régulièrement les cicatrices pour aider leur affinement. 

Si les fils de suture ne sont pas résorbables, il faudra les retirer entre 10 et 15 jours après l’opération.

4 semaines après l’opération, il faudra porter des pansements sur les cicatrices durant plusieurs semaines qu’il faudra changer 2 à 3 fois par semaine. Les cicatrices mettent jusqu’à 2 ans pour obtenir leur visuel final. Ce dernier varie en fonction de la peau et de la technique d’opération.

Quelles sont les points d’attention concernant la cicatrisation ?

Comme n’importe quelle cicatrice, il faudra éviter de l’exposer au soleil durant sa cicatrisation, les 6 premiers mois.

Dois-je revoir mon chirurgien après l’opération ?

Un rendez-vous est généralement pris 3-6 mois plus tard, puis un an plus tard. Un check-up est nécessaire toutes les années pour prévenir les risques.

Quelle est la durée de vie des prothèses ?

Une prothèse à une durée de vie de 10 à 15 ans, cependant il est parfois nécessaire de changer de façon prématurée en cas de rupture de l’implant.

Risques potentiels

L’augmentation mammaire n’est pas une opération neutre, et comporte des effets secondaires indésirables, qui peuvent se dévoiler avec le temps et demanderont un entretien régulier, ou une nouvelle opération de correction. En cas de doute, consultez votre chirurgien.

Les femmes qui ont des implants doivent régulièrement passer une IRM pour contrôler leurs seins et détecter d’éventuels changements anormaux, en général un rendez vous de contrôle par an avec votre chirurgien.

Altération de la sensibilité

Une perte de la sensibilité des mamelons peut être également rapportée, et la récupération n’est pas toujours immédiate.

Vergeture, plis et vagues

Il y a un risque d’apparition de vergetures lorsque l’implant est trop volumineux et que l’élasticité cutanée n’est pas optimale. Pensez à bien hydrater votre peau pour les atténuer.

Un aspect de plis ou de vagues est davantage présent chez les patientes minces portant des implants mammaires de grand volume. Leur apparition nécessite un traitement adapté, comme une diminution de la taille de l’implant, une reposition de celui-ci ou encore changer de type de prothèse.

La fibrose musculaire

L’un des effets secondaires et complications les plus courants directement liés à l’augmentation mammaire est la fibrose capsulaire. Elle se forme après quelque temps à l’intérieur des tissus cicatrisés du sein, autour de l’implant. La fibrose musculaire est la raison pour laquelle il faut changer les prothèses tous les 10/15 ans.

Déplacement des prothèses

En outre, les implants peuvent se déplacer, ce qui créer un risque d’altération de la forme du sein, comme une asymétrie par exemple.

Epanchement lymphatique 

C’est quand le liquide lymphatique ne circule pas correctement et s’accumule. Son apparition quelques semaines après l’intervention peut, dans certains cas, nécessiter un traitement par ponctions répétées, voire une reprise au bloc pour effectuer son drainage

Endommagement des prothèses

Les implants mammaires sont composés d’une solution saline (sérum physiologique) ou de silicone. Le risque de fuite est faible mais il existe, par exemple, suite à un choc ou un coup violent dans la poitrine. 

Dans le cas des prothèses en silicone de mauvaise qualité leur matière peut devenir poreuse et donc s’altérer

Risques graves

Il y a toujours possibilité de cas plus grave, bien que rare, par exemple une nécrose, des infections, etc, parlez en à votre chirurgien.


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Documentation

Augmentation mammaire