Les différentes méthodes de THS féminisants

Plusieurs méthodes existent pour procéder à un THS féminisant. Selon les méthodes, l’efficacité de la féminisation peut varier, mais aussi les risques sur la santé mentale et physique.

Dans tous les cas, il est nécessaire de respecter les principes listés dans cet article (supprimer ou bloquer la testostérone et monter les taux d’estradiol) pour obtenir une féminisation du corps.

⚠️ Qu’importe la méthode choisie, le corps humain a besoin d’hormones sexuelles (œstrogènes ou testostérone) pour fonctionner correctement. Ainsi, nous mettons en garde contre les traitements qui consisteraient uniquement en la prise d’un anti-androgène sans prise d’œstrogènes en complément, même pour une durée temporaire.

Les méthodes présentées dans cet article :

Méthode A : Prise d’œstrogène et d’un anti-androgène

Il s’agit des THS les plus habituellement prescrits de nos jours. Ils consistent en la prise d’un anti-androgène (qui va bloquer la production de testostérone) en complément des œstrogènes.

Il existe de très nombreux anti-androgènes qu’il est possible de prendre pour cela, chacun étant associé à une efficacité et un risque différent. Il est donc important de bien choisir le médicament le plus adapté pour soi

Avantages

  • On peut contrôler indépendamment les taux de testostérone et d’œstrogène.
  • C’est la méthode qui se rapproche le plus d’une puberté cisgenre. De ce fait, c’est en théorie celle qui offre sur le long terme le meilleur potentiel d’une bonne féminisation, en respectant la logique d’une puberté classique tout en permettant d’avoir facilement une bonne suppression de la testostérone.

Inconvénient

Méthode B : Prise d’œstrogène seule (monothérapie estrogénique)

Le principe de cette méthode est très simple : vous prenez des œstrogènes jusqu’à atteindre des taux suffisamment importants pour qu’ils abaissent les taux de testostérone à eux seuls.

Les œstrogènes ont en effet une propriété assez pratique, ce sont d’excellents antigonadotrophines, c’est à dire qu’à partir d’un taux suffisamment élevés dans le sang, ils vont forcer le corps à réduire jusqu’à stopper la production d’hormones sexuelles (dans notre cas, la testostérone).

Sources

“Levels of estradiol of 200 pg/mL and above suppress testosterone levels by about 90%, while estradiol levels of 500 pg/mL and above suppress testosterone levels by about 95%” https://en.wikipedia.org/wiki/Transgender_hormone_therapy_(male-to-female)#Estrogens

Historiquement, il s’agit de la toute première forme de THS ayant existé pour les femmes trans. À l’époque, ce n’était pas avec des estrogènes bio-identiques mais avec estrogènes conjugués comme le Premarin, qui étaient extrêmement dangereux pour la santé et qui ont conduit au développement des THS avec des anti-androgènes pour limiter les risques. 

Sources

Sur les risques du premarin :

Bińkowska M (October 2014). « Menopausal hormone therapy and venous thromboembolism ». PRZ Menopauzalny. 13 (5): 267–72. doi:10.5114/pm.2014.46468. PMC 4520375. PMID 26327865.

Smith NL, Blondon M, Wiggins KL, Harrington LB, van Hylckama Vlieg A, Floyd JS, Hwang M, Bis JC, McKnight B, Rice KM, Lumley T, Rosendaal FR, Heckbert SR, Psaty BM (January 2014). « Lower risk of cardiovascular events in postmenopausal women taking oral estradiol compared with oral conjugated equine estrogens ». JAMA Intern Med. 174 (1): 25–31. doi:10.1001/jamainternmed.2013.11074. PMC 4636198. PMID 24081194.

Smith NL, Heckbert SR, Lemaitre RN, Reiner AP, Lumley T, Weiss NS, Larson EB, Rosendaal FR, Psaty BM (October 2004). « Esterified estrogens and conjugated equine estrogens and the risk of venous thrombosis ». JAMA. 292 (13): 1581–7. 

Sur le fait que le Premarin est plus dangereux que l’estradiol

Tableau des risques thrombo-emboliques

Les monothérapies œstrogéniques ont beau être anciennes dans leur principe, elles ont retrouvé de la popularité depuis grâce aux injections d’œstrogènes ainsi que via les milieux de l’automédication.

Avantages : 

  • Elle est extrêmement simple à mettre en place. Il suffit d’augmenter les doses d’œstrogènes jusqu’à ce que la testostérone s’écroule.
  • En évitant de prendre des anti-androgènes, on évite aussi les risques qui viennent avec certains d’entre eux.
  • Les forts taux d’œstrogènes étant connus pour limiter la dépression, cette méthode est en général très appréciés des femmes  trans qui souffrent de dépression.
  • Cette méthode est la plus économique financièrement, grâce au faible coût des injections

Inconvénients : 

  • La technique nécessitant des taux d’œstrogènes assez hauts, on risque les problèmes de développement liés au fait de ne pas commencer l’œstrogène progressivement en début de THS.
  • Cette méthode pourrait augmenter le risque de problèmes thromboemboliques, souvent directement lié au taux d’œstrogènes

Méthode C : Prise d’œstrogène et de progestérone

⚗️ Cette méthode reste beaucoup plus marginale, et sujet à de nombreux débats. Cette méthode ne fait ainsi pas partie des méthodes reconnues par l’Endocrine Society. De ce fait, en dehors de la France, très peu de médecins la prescrivent. 

Le but de cette méthode est d’associer les œstrogènes et la progestérone pour profiter du fait qu’ils peuvent tous les 2 aider à supprimer la testostérone. 

Contrairement aux autres progestatifs, la progestérone est considéré comme un anti-androgène extrêmement faible, d’autant plus lorsqu’elle est prise par voie orale car la majorité va être éliminé lors du passage par le foie. Pour cette raison, la majorité des médecins la considèrent comme inefficace pour abaisser le taux de testostérone

Par contre, lorsqu’on ajoute des œstrogènes à la progestérone, on observe souvent un effet de synergie entre les 2 hormones qui peut permettre d’abaisser suffisamment la testostérone. L’efficacité de cette méthode reste cependant extrêmement variable selon les personnes.

Avantages : 

  • La progestérone a tendance à aider à combattre l’anxiété. Cumulé avec les effets anti-dépression des œstrogènes, cette méthode peut apporter une aide aux personnes qui souffrent de ces problèmes.
  • Comme pour les monothérapie estrogénique, elle est aussi souvent apprécié pour son côté naturel et le fait qu’elle permettent d’éviter d’avoir à prendre des médicaments plus classiques.

Inconvénient : 

  • La suppression de la testostérone est très variable selon les personnes. Il peut être difficile, voire dans le pire des cas, impossible d’arriver à des valeurs de testostérone suffisamment faibles pour que la féminisation du corps se passe correctement.

Méthode D : Méthode Powers

⚗️Cette méthode ne fait ainsi pas partie des méthodes reconnues par l’Endocrine Society. Le Dr Powers a prévu de publier ses résultats dans un avenir plus ou moins proche. En attendant, nous nous devons de prévenir qu’elle ne peut encore être considéré que comme une théorie qui attend encore d’être prouvée.

La méthode Powers a été inventée par le Dr William Powers, un médecin généraliste américain. Sa méthode est devenue populaire parmi les femmes trans extrêmement rapidement. Il faut savoir que celle-ci est controversée et est à la base de très nombreux débats entre ses partisans et ses opposants.

Il s’agit à la base d’une monothérapie œstrogénique, mais avec comme spécificité de surveiller à la fois les taux d’estradiol et d’estrone (une autre hormone œstrogénique), contrairement aux autres méthodes qui ne mesurent que le taux d’estradiol. Son but est de chercher à reproduire l’évolution des taux d’estradiol et d’estrone pendant la puberté, en débutant par un fort taux d’estrone, avant d’évoluer vers un fort taux d’estradiol après quelques mois.

En pratique, il s’agit de débuter par une prise d’œstrogène sous forme de comprimés, puis de basculer vers des injections ou des patchs après quelques mois. Dans l’idée d’imiter les taux de puberté, il ajoute généralement de la progestérone une fois que la poitrine est suffisamment développée, à partir de la fin du stade de Tanner 3.

On retrouve l’idée d’imiter une puberté comme dans d’autre types de méthode, la principale différence étant qu’au lieu d’imiter les taux d’estradiol, cette méthode se base sur le ratio entre estrone et estradiol 

Cette méthode est en perpétuelle évolution : ses dernières itérations ont vu l’ajout de la bicalutamide en tant qu’anti-androgène, la rapprochant ainsi d’une méthode plus classique.

La présentation complète de sa méthode est disponible à cette adresse (PPT).

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Documentation

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