Lettre écrite pour accompagner le coming-out à mes parents.
N’oubliez pas que le coming out est quelque chose de personnel. Chacun est libre de le faire comme il/elle veut, pour ma part, j’ai opté pour une lettre que je vous partage ci dessous, en espérant qu’elle puisse vous aidez.
Maman, Papa,
J’ai quelque chose à vous annoncer.
Avant toutes choses, sachez que c’est une bonne nouvelle.
J’ai pris une décision : J’ai décidé de reprendre ma vie en main et de changer, et d’enfin combattre ce qui me rend malheureux(se). Il y aura des moments difficiles, pour vous comme pour moi, c’est évident, mais c’est dans le but de pouvoir enfin vivre pleinement ma vie.
Comme vous le savez, ça ne va pas fort surtout depuis quelques mois. C’est dû à un mal-être, à un sentiment de malaise, un sentiment de ne pas être bien avec moi même. A une « dysphorie de genre », c’est comme ça que ça s’appelle. Ce sentiment n’est pas nouveau. En fait, il a même toujours été présent aussi loin que je me souvienne. Des fois il s’effaçait, et je l’oubliais presque, comme quand je suis avec {conjointe}, qui me rend heureux, et d’autres fois il est trop présent et me fait atrocement souffrir.
Ce sentiment est une vérité, une vérité que j’ai toujours enfouie en moi, que j’ai reniée. Que j’ai conscientisé très jeune, mais dont je n’ai jamais osé parler. Une honte maladive qui me rongeait. A partir du moment où j’ai conscientisé ce mal-être, il n’a demandé qu’à sortir à chaque fois où ça lui était possible. Il m’a fait pleurer et me fait encore pleurer, j’ai l’impression d’avoir passé 28 ans à pleurer.
Mais, à présent, je ne veux plus fuir, je ne peux plus vivre dans le déni, car j’en souffre trop. Fuir est épuisant. A un moment il faut s’écouter, alors, j’ai embrassé cette vérité que je reniais depuis toujours. Ce fut un choc. Tout ce sur quoi je m’étais construit en fût chamboulé. Je fus pris d’énormes sentiments de vertige, j’eus l’estomac noué, comme si tout allait s’effondrer, pendant des jours, des semaines. Mais j’étais sur d’une chose : Que cette dysphorie est un puissant sentiment qui m’amène vers une seule évidence : Je suis une femme, et pour pouvoir vivre en tant que femme, je doit prendre des décisions courageuses : je vais changer.
Je n’ai que trop d’exemples du mal que j’ai pu ressentir. Que ce soit des pleures incontrôlés quand je passais devant un miroir, ou de ses sentiments de honte, de dégoûts de moi, ce qui m’obligeait à prétexter une toilette pour aller pleurer en silence dans la salle de bain.
Ou encore les idées noires et ses moment où je me souhaitais du mal. Le pire pour moi fût la honte. La honte de danser, la honte de chanter, la honte qu’on puisse me regarder, la honte d’oser, la honte de ne pas être comme tout le monde, la honte d’aborder les gens, la honte de ne pas m’y retrouver chez les garçon, et la honte de ne pas être accepté chez les filles. La honte de ce que je ressens au plus profond, la honte de ne pas être ce qu’on attends de moi. La honte de moi. la honte d’être moi.
J’ai encore beaucoup de mal à parler de la détresse dans laquelle j’ai pu être. Je vous explique ça pour que vous compreniez que c’est la bonne décision pour moi.
Je ne peux plus vivre dans le déni alors j’ai décidé que c’était le bon moment pour moi de me lancer malgré toutes les peurs et les angoisses que ce changement m’apporte. Et c’est normal, c’est un saut dans l’inconnu et un pied-de-nez à Dame nature. Mais d’un coté je n’ai jamais autant douté de moi même que depuis que j’ai pris cette décision. J’ai le vertige.
Une transition de genre est un processus qui prend du temps, plusieurs années, ainsi que de l’argent, et beaucoup d’énergie. J’aurais besoin de votre soutien moral. Bien sur, je ne serai pas une femme demain, je vous demande donc de ne pas en parler autour de vous, je préfère le faire moi même, quand je serai enfin prêt(e) à vivre ma vraie vie. Il est trop tôt pour faire un “coming-out” à toute la famille, je n’ai même pas étudié la question du prénom.
J’ai mis de petites infos sur tout le processus en dernière pages.
Sachez que je reste la même personne, j’ai toujours les même passions, les même centres d’intérêt, j’aime toujours les vaches, bref, rien ne change.
Sachez aussi que quoi qu’il arrive vous resterez mes parents, que je vous aime très fort. J’espère que jamais vous ne penserez que c’est de votre faute, car ce ne l’ai pas ! C’est grâce à votre amour et votre présence que j’ai réussi à tenir jusqu’ici.
Je comprends que cela peut être quelque chose de soudain, de nouveau et inconnu, mais si vous voulez des informations sur le sujet, j’ai de quoi vous fournir des ressources. Si vous avez des questions et des craintes, je les écouterais et y répondrais dans la mesure du possible. La transidentité est un concept très personnel et chacun le vit de façon différente, cependant je peux aussi vous diriger vers des témoignages d’autre personnes.
Et surtout rappelez vous que vous n’allez perdre un fils, ce n’est pas de ça qu’il est question. Je suis toujours là. Vous allez simplement découvrir que votre fils mal dans sa peau, n’arrivant pas à être heureux, est en fait une fille qui aspire a enfin être heureuse, épanouie et rayonnante !
je vous remercie pour tout l’amour que vous me donnez et j’espère que ça ne changera jamais.
Je vous aime de tout mon cœur !
Informations complémentaires
En quoi consiste une transition ?
- C’est un traitement à vie à base d’hormones. (Pardon maman, je sais que c’est pas le mieux pour la santé)
- Tout ça est bien entendu suivi par un spécialiste. (Pardon encore maman, je sais ce que tu penses de ces personnes).
Quels sont les changements auxquels il faut s’attendre ?
Je compte commencer un traitement hormonal, qui permettra de m’aligner avec les taux hormonaux classiques d’une femme. Ce n’est dangereux, et les effets peuvent être surprenants :
- Adoucissement et féminisation du visage
- Pousse de la poitrine
- Redistribution des graisses dans le corps, courbes plus féminines.
- Peau plus fine
- Pousse des cheveux
- Perte de muscles
Il existe des associations/site qui fournissent beaucoup d’aides, d’explications et de témoignages. Je ne suis pas, seul(e) !
N’oubliez pas que je vous aime de tout mon cœur.
Votre enfant, qui s’assume enfin.