45 ans, ex-militaire, ex- je le vaut bien đ Maintenant, je profite de la vie au soleil, et je suis militante chez Aides dans le Var (83). ImpliquĂ©e dans la lutte contre le VIH, les HĂ©patites, et co-animatrice d’un groupe de parole ouvert aux personnes prĂ© – en cours – post transitions et Ă leurs proches. Transition dĂ©butĂ©e il y a 14 ans, terminĂ©e il y a 12 ans. |
Racontez votre parcours jusqu’Ă comprendre que vous Ă©tiez trans. Comment l’avez-vous compris ? |
D’aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu un truc qui clochait… OpĂ©rĂ©e pour faire de moi un gamin, (sous prĂ©texte que je ne pouvais pas « uriner » naturellement), des injections durant toute mon enfance… jusqu’Ă 25 ans, beaucoup de questions entrecoupĂ©es de phase suicidaire et auto-destructrice… Jusqu’au dĂ©clic et la mise en route de ma transition. |
Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ? |
Et bien, je savais ce que je voulais (et surtout devais faire), donc, j’ai tout fait pour avoir une vie et un boulot stable avant de dĂ©marrer ma transition. |
Comment se sont dĂ©roulĂ©s vos coming-outs ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ? |
A ma mĂšre, trĂšs simplement, une lettre, expliquant mon projet, et donnant les prĂ©nom que je voulais, (rĂ©ponse : depuis quand un gosse choisi ses prĂ©noms, ça sera X, point). Professionnellement, en mode On/Off, vu avec le mĂ©decin du travail et ma DRH, annĂ©e sabbatique dĂ©butant dĂšs les premiers effets du THS (Traitement Hormonal Substitutif), retour dans l’entreprise une fois que le CEC (changement d’Ă©tat civil) Ă Ă©tĂ© obtenu. J’y suis restĂ©e 16 ans. |
Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidées durant votre transition. |
Bien, j’ai fait ma transition dans mon coin, j’Ă©tais inscrite puis modĂ©ratrice d’un forum qui n’existe malheureusement plus, quelques amiEs aussi, D. une vĂ©to de choc, L. qui nous a quittĂ©e il y a quelques annĂ©es, E. qui m’a ouvert les yeux et l’horizon de l’identitĂ© de genre et a pousser le raisonnement au delĂ . |
Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ? |
RefusĂ©e par la SOFECT, trop de caractĂšre, et avec mon cursus militaire « ils n’en prennent pas des comme vous, lĂ -bas ! » dixit Foch, fuis comme la peste M.J. de lyon, Ă la suite d’une rĂ©flexion « je conditionne mon rĂ©sultat au physique de mon patient » entre mĂ©genrage et prĂ©jugĂ©s… Je suis allĂ©e voir ailleurs.
Du coup ça a Ă©tĂ© parcours privĂ©, un psy chez qui je suis aller au culot, « je viens vous voir, j’ai pas envie de perdre mon temps, ni vous faire perdre le votre, j’ai besoins d’un document pour dĂ©buter mon T.H.C. et faire la chirurgie de rĂ©assignation ». Endocrinologue choisie, changement d’Ă©tat civil au tribunal de la ville de la fameuse moutarde, une des premiĂšre l’ayant obtenue sans avoir justifiĂ©e de l’opĂ©ration gĂ©nitale grĂące au fait que ce soit mon entreprise qui m’ait financĂ©e mon C.E.C (changement d’Ă©tat civil) et la SRS (chirurgie de changement de sexe) et qu’en argument j’avais dis que j’avais besoins du CEC pour pouvoir me rendre Ă l’Ă©tranger pour l’opĂ©ration. DĂ©part au pays du sourire avec un joli passeport avec un F dessus. Une foufoune toute neuve pour mon anniversaire. Retour en France, soins, et reprise de mon activitĂ© professionnelle. AuditionnĂ©e par l’IGAS (Inspection gĂ©nĂ©rale des affaires sociales) pour la rĂ©alisation du rapport commandĂ© par le ministĂšre de la santĂ©. Une forme de reconnaissance par rapport Ă lâexpĂ©rience de ma transition et des acteurs associatifs, professionnels de santĂ©, juridique, etc. |
Racontez un moment trĂšs fort de votre transition |
Quelques rencontres, les premiers changement physiques, la rĂ©ception du jugement de CEC… le sĂ©jour au pays du sourire, une Ă©quipe top, un rĂ©sultat conforme Ă mes attentes, (fonctionnalitĂ© et esthĂ©tique).. |
Un conseil Ă donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ? |
Vivez pour vous, renseignez vous, aujourd’hui vous avez les anciennes, les informations sont disponibles et accessibles. Faites ce qui est le mieux et bon pour vous.
Et surtout restez naturel-les, ne devenez pas une caricature, ne vous comportez pas comme une caricature, il n’y a rien de pire pour le passing, et surtout, et c’est le plus difficile quand on a Ă©tĂ© trop longtemps pĂ©tri-e de complexes, adoptez un haut niveau de « je n’en ai rien Ă foutre » des on dit, du regard des autres, des galĂšres. Soyez assurĂ©Es de ce que VOUS ĂȘtes, et vous verrez en face, ils ne se poseront plus de question quant Ă votre genre. Si vous dĂ©cidez d’aller Ă l’Ă©tranger pour l’opĂ©ration, n’y allez pas seulE, faites vous accompagner, vous en aurez besoin. |