Témoignage

Louison, personne non binaire

J’ai 20 ans, je suis étuidant-e je galère à m’orienter, je vais sans doute faire un métier artistique ou culturel.

Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ?

J’ai été élevé-e dans un milieu plutôt détendu sur les questions de genre (on m’a toujours laissé porter les vêtements que je voulais par exemple sans commentaire aucun, mes parents avaient aussi une assez bonne image du féminisme et me l’on transmise).

Je pense que ce milieu à facilité mon accès à des ressources sur les questions queer sur internet et c’est là que j’ai dut trouvé des infos sur la transidentité en premier.

J’ai vite compris que je étais aromantique puis asexuel-le (j’ai cependant mis du temps à accepter que je n’étais pas hétéro parce que le refoulement).

Pour ma non-binarité/transidentité ça a été un peu pareil : je me renseignais beaucoup sur « la théorie » (sur le fait que ça existe, ce que font les hormones, les démarches administratives, les luttes etc…) mais j’étais encore convaincu-e d’être cis…

Entre le moment ou j’ai compris que ça existait (vers mes 14ans ?) puis le moment ou j’ai compris que je ne pouvais juste plus vivre en étant perçu-e comme mon genre assignée tout le temps (19ans…) il y a vraiment eu une longue période de questionnement.

J’ai fait mon coming out trans peu après d’autres personnes trans de mon entourage, ça a dut être un déclique je pense, je sentais que je pouvais le dire.

Je suis une personne transmasculine (j’ai été assignée fille à la naissance).

Et je sais qu’un des premiers signe de ma transidentité a été une fascination pour le masculin que j’ai d’abord pris pour du désir romantique/sexuelle (ce qui me mettait dans une case hétéro confortable).

Mais quand j’a compris que j’étais aroace (aromantique et asexuel-le), ce sentiment est resté et je me suis donc rendu-e à l’évidence que cela m’attirait moi, j’avais envie d’être ça.

Mais du même coup, je me rendais compte que mon corps me plaisait aussi, je n’avais pas de répulsion pour ce que la société code « féminin »sur moi parce que c’était aussi moi. J’en suis arrivé-e à la conclusion que c’est une affaire de balance, je suis un garçon et une fille, ou encore neutre dans le genre.

Plus tard j’ai aussi comprit que cette balance se modifie lentement au court du temps, plus d’un coté ou de l’autre dans ce mélange: je suis aussi gender fluid.

Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ?

J’ai eu une grosse phase de doute au moment de savoir si je voulais prendre des hormones ou pas.

Je savais quels effets ça allait avoir et que je les voulais.

Je savais que je n’étais pas obligé d’en prendre à vie si je ne faisais pas d’hystérectomie (je ne comptais pas en faire) et que de toute façon, ça me concernait moi, ça n’étais ni « grave » ni mal.

Mais les mois précédents le rendez vous avec la gynéco, je paniquais. J’analysais tout mes ressentis pour savoir si je le voulais « vraiment », si c’était ce qu’il y avait de mieux pour moi, si cette interaction sociale que je venais d’avoir et qui m’avais mis mal à cause du mégenrage aurait été plus supportable avec la testostérone ou pas. J’avais l’impression de changer tout le temps d’avis, de ne pas savoir ce que je voulais…

Finalement le rendez vous est arrivé, j’ai eu la T et j’étais sur-e de vouloir au moins une voix plus androgyne donc j’ai pris ma première injection et je me suis rendu-e compte que les effets sont longs a arriver et moi je n’y pensait plus trop. Ça a vraiment était un poids en moins.

Maintenant mes inquiétudes se situent plutôt au niveau de « quand est ce que j’arrête la testo ? ». Comme je l’ai dit j’aimerais avoir une voix androgyne, mais aussi une certaine pilosité faciale par exemple. Mais ces effets, on ne peut pas prévoir quand ils arrivent et a quelle intensité (et c’est difficile de situer précisément sa voix soit même).

Mais je ne m’en fait pas trop, j’apprécie être gender fuck et la gynéco qui me suis ne me met vraiment pas la pression. En plus il est de toute façon possible de faire une pause de T et d’en reprendre.

Une dernière inquiétude que j’ai (et qui pour le coup, n’est pas prête de partir), c’est à propos de l’expression de ma non binarité et la façon dont elle est reçue par les autres.

Je suis out trans partout, mais globalement, il est impossible (parfois même structurellement) de dire que je suis non binaire et d’être accepté-e comme tel.

Les représentation de la non binarité sont extrêmement négatives, sont des sources de blagues. On nous voient comme des personnes coupées de la réalité, qui sont dans un « délire » et demander des pronoms/accord non binaire pour soit à l’oral (iel/ellui dans mon cas) est vu comme un caprice, quelque chose qui nous séctariserait… Ça me ronge énormément.

C’est tout cela que j’ai en tête quand je dois peser le pour et le contre quand je dois m’outer en temps que NB, c’est à dire: tout le temps.

Comment se sont déroulés vos coming-outs ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ?

Je n’ai plus trop de souvenirs de comment ce sont passé mes premiers coming out aux gens queer de mon entourage. Je crois que j’ai dut simplement dire « je préférerai que vous m’appeliez Lousion/ que vous fascisez attention de ne pas me genrer » et voilà.

Pour mes parents, je ne savais pas trop quelle serait leur réaction ni si iels savaient ce qu’était la transidentité. J’ai donc commencé par leur demander si iels connaissaient le mot « trans » ou « transexuel », puis je les ai un peut corrigé avant de leur dire que je l’étais voulais prendre des hormones.
Pour moi ça a été nécessaire d’attendre d’avoir « une raison » de leur dire (=prendre des hormones) parce que cela allait impliquer un suivi, des rdv chez le médecin et des changements visibles et je ne voulais pas le faire dans leur dos.

C’est ça qui a déclenché mon CO auprès de ma famille.

Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidées durant votre transition.

Le fait que des personnes ai fait leur coming out trans parmi mes ami-e-s m’a aidé à me sentir à l’aise à faire le miens (même si c’est plus un soutiens passif).

Je ne remercierai aussi jamais assez les associations trans qui m’ont permis de rentrer en contact avec des médecins bienveillant et professionel-le-s (et sans à priori sur la transidentité).

Ces gens m’ont assurément simplifié ma transition et m’ont permis de ne pas tomber sur des gens transphobes (ce qui aurait put être très dangereux pour moi: j’aurais mis ma santé entre leurs mains)

Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ?

Elle se passe tranquillement.

Je me suis vite rendu-e compte que (malheureusement) les effets des hormones ne sont pas à la carte mais j’ai accepté chacun des changements comme ils venaient (le dicklit ou les graisses plus présentent sur le ventre par exemple) et en fin de compte, je n’en regrette aucun.

Je me sens bien mieux aujourd’hui et effectivement, les changement que j’attendais sont arrivés (voix plus grave, la pilosité faciale et même arrivé plus vite que prévu !). Pour la prise de musculature, j’avais peur que ça déforme un peu mes tatouages mais il ne s’est rien passé et mes tatouages vont bien.

Concernant le passing, je passe effectivement bien mieux (on me dit monsieur quasiment tout le temps) mais peux aussi passer pour une fille si je veut et c’est très plaisant pour moi (tout était une question de balance, tout le temps elle c’était invivable)

Bref, si c’était à refaire, je le referai.

Je compte arrêter la testostérone au bout d’un certain temps pour me « reféminiser » et je considère que cela fera aussi parti des effets que j’attend.

Ça n’est pas un parcours très classique et je n’ai trouvé personne de francophone qui ai fait des ressources à ce sujet donc c’est un peu l’inconnu, mais les ressources anglaises que j’ai put voir me font me sentir confiant-e face à ce choix.

Racontez un moment très fort de votre transition

Un des moments (le moment ?) le plus marquant de ma transition pour moi, c’est la première fois que j’ai entendu un-e adelphe non-binaire utiliser le neutre pour parler d’ellui même à l’oral (en disant simplement l’adjectif au masculin puis au féminin. « je suis contant contante » par exemple).

Ça a vraiment était ultra fort, un mélange de « c’est possible » et de joie profonde de voir quelqu’un ainsi visible en temps que non binaire.
C’était un très beau moment.

Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ?

De s’écouter.

Vous méritez le meilleur, être trans ne vous rends pas moins bien ou cassé-e, ça n’est pas honteux.

Et de se rapprocher d’assos trans, elles sauront vous aidez et vous pourrez y rencontrer des gens trans et mine de rien, c’est important surtout si vous n’en avez pas dans votre entourage.

Témoignage rédigé dans le cadre d’une publication pour Wiki Trans. Toute copie est interdite. Merci de respecter ces témoignages.

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