Témoignage

Loukas, homme trans de 17 ans

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J’ai 16 ans, bientôt 17 et je suis issu de famille musulmane, au départ, ma famille refusait d’entendre mes cris de douleur mais aujourd’hui, elle m’accepte presque comme je suis.
Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ?
J’ai grandi avec deux grands frères et une grande sœur, je me battais, regardais des mangas, jouais au foot avec mes frères et j’adorais ça ! Tandis que je sortais avec ma sœur voir ses amis, elle me faisait belle, me lissais les cheveux, me mettais de jolis habits mais je refusais de porter des robes ou des jeans.

La première dysphorie que j’ai ressenti me fit souffrir durant toute mon enfance, c’était mes longs cheveux, je m’en plaignais tous le temps et j’enviais les garçons, je voulais aussi pouvoir faire tout ce qu’un garçon de mon âge faisait et dans les jeux de « papa et maman » c’était toujours moi le père fort et musclé, bien dans les clichés, mais on me ramenait souvent à mon identité de fille, alors je ne cessais de poser la question « Pourquoi suis-je une fille et pas un garçon ? » à mes parents.

Je ne me sentais pas moi et cette sensation c’était accrue lors de la puberté, la poussé de poitrine fut une abomination pour moi, je faisais tout pour la cacher, j’en avais honte.

J’attachais constamment mes cheveux et continuais de me vêtir et agir en garçon jusque mon année de 3ème, j’avais de l’attirance pour les garçons mais je savais que c’était des filles qu’ils leur plairaient et pas un garçon manqué alors, j’ai profité de mon changement d’établissement pour changer radicalement physiquement, je prenais soin de mes cheveux, m’habillais en fille et de cette façon, j’avais pu trouvé pour la première fois l’amour.

Malheureusement, ce bonheur n’a pas duré, j’avais toujours un poids au fond de moi, une fille de mon collège s’était coupé les cheveux et j’avais trouvé ça magnifique, je voulais faire pareil à tel point que je ne cessais de demander à ma mère de me les couper, elle refusa encore et encore jusqu’au jour où elle accepta un carré, pour moi c’était la première étape avant ce que je désirais vraiment mais ça ne me suffisait pas, je souffrais et me détruisait physiquement en me brûlant ou coupant.

Un jour, elle se rendit compte de ce que je me faisais et se mit à pleurer, elle voulait mon bonheur et avait essayé de comprendre la raison de mon mal-être. Je lui expliquais alors le fait de me sentir « androgyne ». La première coupe me fit sentir tellement bien ! Je me souviens être sorti voir mes amis le jours même et avoir passé mon temps à les caresser tant je l’aimais.

Mais ma famille autre que ma mère n’acceptant pas, la seconde coupe se fit attendre plusieurs mois puis, vint mon entrée en seconde.

Cette année où j’ai rencontré ma meilleure amie, celle qui me sera si précieuse à l’avenir. C’était une fille trans, je la soutenais en étant bien souvent maladroit mais, heureusement elle ne m’en a jamais voulu. Le temps passait et nous étions devenus inséparables. Je connaissais sa famille et passait du temps chez elle. Durant une année, je n’ai cessé de me questionné sur qui j’étais, je me renseignais sur la transition au point de finalement être sûr. J’étais un homme, ce que je ressentais c’était mon épreuve car rien ne serait facile à présent. Si je voulais être moi, il fallait souffrir, mais à quel prix ?

Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ?
Ma première inquiétude concernait les changement liés à la T, j’avais peur du dicklit et de la poussée de poils.

Je ne trouvais pas d’image illustrant le dicklit et je trouvais ça bizarre d’avoir « cette chose » dans son pantalon et aussi de la réaction de mes partenaires à l’avenir, quant aux poils, je n’en voulais pas tellement à cet époque. Aujourd’hui, je vois surtout le dicklit comme un petit pénis et donc quelque chose qui me fera me sentir mieux en tant que moi-même, quant aux poils, je me presse de les avoir !

Être assimilé à un pré-adolescent alors qu’on est presque majeur, ça a toujours tendance à piquer un peu. En revanche, j’ai toujours peur de la réaction de ma famille plus tard, quand j’aurais mué, probablement une barbe, une apparence masculine. Pourrais-je encore leur parler ou me rejetterons-t’ils ? Je veux pouvoir voir ma nièce grandir, et c’est pour le moment ma plus grande crainte.

Comment se sont déroulés vos coming-outs ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ?
Pour mon coming-out, ce fut compliqué, j’essayais d’expliquer à ma famille que ce que je voulais, c’était de pouvoir de nouveau me couper les cheveux et ma mère le refusait maintenant à cause du fait que mon frère ne voulait plus me parler, il me disait que c’était une étape avant la fin du monde, le fait que les femmes s’assimilent à des hommes et vice-versa. La religion était bien souvent posée sur la table, une fille doit ressembler à une fille, point et c’est ce qui causait un soir une altercation entre mon frère, ma mère et moi. Elle était plus importante qu’usuellement tant que j’en avais pleuré.

Alors, le week-end qui suivait fut celui de ma fugue, une amie m’avait payé le coiffeur et je m’étais senti tellement bien, comme si aucune inquiétude ne planait au-dessus de moi et pourtant, cela faisait déjà quelques heures que j’étais parti. Je me sentais libre et moi-même, mes cheveux rasés, sentant l’air contre mon crâne, j’étais apaisé… quelques jours se passaient avant que je pris comme décision de rentrer chez moi après avoir écouté les conseils d’un ami, ma meilleure amie m’avait hébergée quelques jours et c’étais des moments inoubliables pour moi, sa mère fut très gentille et compréhensive et je me sentais enfin vivre.

À mon retour d’abord au lycée, mes camarades m’ont félicités pour le courage que j’avais eu, ceux-ci me soutiennent depuis mon coming out en début d’année scolaire et suivent mon parcours en étant juste adorables avec moi. Mon retour chez moi fut aussi simple, personne ne m’a parlé de ma fugue à ma demande et ils ont depuis, petit à petit accepté.

Il y a peu, ma mère m’a même offert un drapeau trans car elle avait vu mon drapeau LGBT+ deux années auparavant. Ce fut un cadeau formidable me montrant son acceptation. Je me demande dorénavant quand je pourrais débuter ma transition hormonale et j’ai vraiment hâte.

Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidées durant votre transition.
Comme j’ai pu le dire, ma meilleure amie m’a aidé à me sentir moi, à ne pas tomber dans les moments compliqués et aussi lors de ma fugue, elle restera à jamais la personne la plus chère à mes yeux.

Mes amis et camarades de classes qui me soutiennent, me genrent aux masculin et m’appellent par le bon prénom sont aussi de merveilleuses personnes et je ne les remercierais jamais assez.

Ma mère fut aussi un déclencheur, même si j’ai dû me battre pour, à ma transition et je sais à quel point ça a été dur et à quel point ça l’est encore de devoir se séparer de sa fille adorée mais je suppose qu’elle fait de son mieux alors je tenais aussi à la remercier chaleureusement.

Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ?
Étant en pré-transition, je ne regrette pour le moment aucun de mes choix.
Racontez un moment très fort de votre transition
Ma fugue fut un lourd moment pour moi, je me sentais tellement bien et à la fois si inquiet pour ma mère, je l’imaginais pleurer, inquiète. Je m’en voulais mais je savais que ce que je faisais servirait à changer les choses.
Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ?
Si tu veux te sentir bien dans ta peau, fais tout ce qui est de ton possible pour ! Va même jusqu’aux plus grandes folies car on vit dans un corps, une vie longue où il faut savoir se mettre à l’aise sans se priver. Si tu avais le choix entre vivre dans le garage de tes parents car ça les rassure de te savoir plus près d’eux ou vivre dans la maison de tes rêves pour le restant de ta vie, que ferais-tu ? Si tu es plus heureux d’une façon alors, fais-le même si ça peut en décevoir certains, ta vie, ton corps et ton bien-être t’appartiennent.

Témoignage rédigé dans le cadre d’une publication pour Wiki Trans. Toute copie est interdite. Merci de respecter ces témoignages.

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