Témoignage

Arnaud, personne non binaire de 24 ans

Présentez-vous en quelques mots
J’ai 24 ans, je travaille dans une administration publique.

J’ai fait mon coming out à ma famille en tant que personne non-binaire, je n’ai pas fait de CO au travail mais mes collègues et autres personnes du service utilise les bons pronoms (il).

J’ai commencé la testostérone il y a un mois et demi.

Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ?
J’ai d’abord découvert le féminisme et les inégalités basées sur le genre. On ne me traitait pas comme mes frères.

J’en ai appris plus sur le féminisme et j’ai commencé à prendre position, à dénoncer des choses. Mais il y a avait un petit décalage. Je n’arrivais pas à vraiment prendre une place de femme.

J’ai fini par comprendre que c’était parce que je n’étais pas une femme. Ca n’enlevait rien à mes combats féministes, mais ça voulait dire que c’était normal si je me sentais pas à l’aise quand je me battais en tant que femme.

J’ai eu tous ces questionnements de genre à l’adolescence, quand on nous demande de savoir qui on est et ce qu’on veut faire plus tard. C’était très compliqué pour moi, j’ai eu beaucoup de mal. J’ai réussi à trouver ce qui me convenait en testant. Mais je faisais des tests puis je ré-enfouissais ça en moi. J’ai tenté d’abord avec un surnom, puis des pronoms différents. Puis quelques vêtements. Petit à petit.

Et en fait, je me suis affirmer de plus en plus, j’ai construit mon identité autour de la non-binarité, en faisant ce qui *me* plaisait. Je n’essayais pas d’atteindre certains modèles, parce que je n’avais pas de modèles non-binaires de toute façon. Ça a pris quelques années, entre mes 16 ans et mes 22-23 ans. Maintenant, je suis vraiment à l’aise dans mes vêtements, dans mes chaussures, dans mes pronoms, dans mon prénom, etc.

Sur la fin de mon questionnement, et c’est ce qui m’a probablement permis d’y mettre un terme, de faire taire mes doutes, mon syndrome de l’imposteur, c’était qu’en fait, y avait eu quelques moments dans mon enfance qui me montraient que ça ne sortait pas de nulle part non plus. Tester des prénoms différents en ligne, mais bizarrement jamais féminins hein, mon vêtement préféré acheté par ma mère, probablement provenant du rayon garçon parce que sa coupe était définitivement pas fille, mais qui était le seul vraiment que j’aimais, ce t-shirt « unisexe » mais vraiment plus taillé garçon que j’ai toujours et que je portais dès que je pouvais quand je l’ai eu, mes shorts préférés qui avaient des coupes moins « filles » que les autres, etc.

J’ai pas eu de moments de révélations. Je n’ai pas de date précise où j’ai compris que j’étais trans. J’ai juste testé des choses, en essayant de le faire le moins consciemment possible parce que j’étais très, très nerveux et je me sentais mal quand j’y pensais. Et puis, c’est parti au fur et à mesure. Je testais un terme, puis un autre. Et quand j’en testais plus, c’était que j’avais trouvé le bon en fait. J’ai testé non-binaire et c’est le même depuis 3 ans, je me sens bien avec. Mais j’ai pas eu de révélation en le voyant, j’ai pas senti un appel soudain, je n’ai pas senti comme si un poids c’était enlevé instantanément. Juste, je ne l’ai jamais remis en question depuis que je l’ai choisi. Alors, c’est que c’est celui qui me convient le mieux. Je suis à l’aise quand je me définis avec, et c’est ce qui compte.

Pareil pour le reste. Pas de révélation particulière pour les pronoms, au point que j’oscille entre iel et il. C’est ce qui me convient le mieux. Je n’ai pas le sentiment que c’est parfait, mais ça me convient.

Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ?
Mes inquiétudes étaient celle de me tromper et de ne pas être accepté.

J’avais peur de dire un jour quelque chose et que le lendemain, ce soit faux. J’avais peur qu’on me dise « tu vois, tu avais tord, j’avais raison. Maintenant que tu es rentré dans le droit chemin, je t’accepte. » Parce que si je cherchais des réponses, celles qu’on me donnait jusqu’à présent ne me convenaient pas. J’avais très peur que ça soit les seules réponses, les seules possibilités. Aucune ne me convenait, c’était très… paralysant.Puis, j’ai osé un jour mettre une publication demandant un autre pronom. Et c’est passé. Pas de réaction négative. C’était toutes des personnes safe, mais tout de même, j’avais peur. Et ça s’est bien passé. Que de l’acceptation, aucun rejet. Alors j’ai continué ainsi, tout petit par tout petit changement. Un pronom, un vêtement, une coupe de cheveux.

Et petit changement + petit changement + petit changement, j’ai commencé à accumuler les réponses qui me convenaient. Et ça fait qu’au final, je suis bien différent d’il y a 5 ans. J’ai pas eu l’impression de faire quelque chose d’impossible à l’époque, j’ai pas eu l’impression de surmonter quelque chose d’insurmontable. J’avais l’impression que c’était insurmontable, mais je pensais que j’améliorais juste un tout petit peu mon confort. Et au final, j’ai changé beaucoup de choses. Petit à petit.

Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ?
Pour l’instant, j’ai beaucoup de chances dans ma transition.

Je n’ai jamais à aucun moment menti sur mon identité non-binaire, mais par peur, je ne l’ai juste simplement jamais précisé.
Face au psy, j’ai raconté mon vécu, mes projets de transition. Je n’ai pas dit que j’étais non-binaire mais je n’ai pas forcé le trait du vécu d’un homme trans que je n’ai pas. J’ai été presque honnête. Suffisamment pour moi que je me sente bien dans mes chaussures, en sachant que les psys et le personnel médical ne sont de toute façon pour l’instant pas très informé sur la non-binarité.

J’ai donc eu l’attestation psy rapidement, j’ai pu avoir le rendez-vous d’endoc assez rapidement. J’ai pu faire les injections avec ma médecin traitant. Et je me sens bien. Pour ma transition social, j’ai eu plus de problèmes avec la mairie, mais c’est lié à là où j’habite. Ce ne sont pas les plus ouverts…. Mais ça valait le coup, ça c’est sûr ! Je suis très fier de ma carte d’identité maintenant, surtout qu’avec les initiales de mes prénoms, ça fait G-A-Y et ça, j’en suis immensément fier.

Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ?
Je n’ai pas d’autres conseils que tester. Avec des ami’e’s, avec des proches, avec des personnes qui vous accepteront. Un prénom, un pronom. Pas besoin de tout changer d’un coup. Ou faites-le d’un coup, si c’est ce qui vous semble le mieux. N’ayez pas peur de vous tromper, ça arrive. On ne peut pas être sûr’e de tout d’un coup.

Finalement, un autre conseil : prenez votre temps. Le vôtre, pas celui des médecins, pas celui de proches qui vous demanderaient d’attendre pour eux. Prenez *votre* temps. Si vous avez besoin de semaines, de mois, d’années, entre chacune des étapes de votre transition, alors écoutez vous et prenez votre temps. Si vous n’en ressentez pas le besoin, écoutez-vous aussi et faites les choses plus rapidement. Si votre transition prends 6 mois, très bien. Si vous avez besoin de 6 ans, c’est tout aussi bien. Bref, ce qui compte, c’est vous. Que vous vous sentiez bien.

Témoignage rédigé dans le cadre d’une publication pour Wiki Trans. Toute copie est interdite. Merci de respecter ces témoignages.

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