Je suis un étudiant en sociologie de 21 ans, issue d’une famille plutôt de classe moyenne, bien que culturellement plutôt privilégié. La personne trans que je côtoie est une amie que je considère comme très proche. On s’est rencontré sur Facebook, sur des groupes de fan de la série Doctor Who, et on a très vite accroché. Elle a dû s’éloigner de moi un moment, mais nous avons ensuite repris contact et sommes devenus plus proche que jamais. |
Racontez le coming-out / la rencontre de votre proche trans avec vous. Comment l’avez-vous vécu ? |
C’était un soir sur Skype. Elle m’avais expliqué vaguement qu’elle avait quelque chose a me dire, quelque chose que peu de gens savaient. Elle m’a annoncé oralement un peu hésitante qu’elle était une femme trans. J’ai très peu répondu, parce que je ne savais pas trop quoi dire.
Deux chose sur le moment me perturbait : je savais vaguement que la situation des trans n’est pas quelque chose de très confortable, j’essayais de poser le moins de problème possible, de ne pas être un obstacle supplémentaire, donc je n’ai rien dis pour éviter de poser des questions gênantes ou une phrase maladroite. De plus, j’appréhendais grandement les changement que la transition allait provoquer dans notre relation, ne sachant pas trop comment la transition allait affecter notre amitié. |
Comment le coming-out et la transition de votre proche ont-ils transformés votre relation ? |
A ma grande surprise, les changements causés par la transition ont été ultra minime. Quand je pensais à la transition, j’essayais de voir tout ce que cela allait changer, en oubliant de penser au nombre incroyable de choses qui resteraient les même : on s’aime toujours autant, on partage les mêmes blagues, on aime parler des séries et jeux vidéo qu’on apprécie, de politique, de partager un bon kebab ensemble, bref l’immense majorité de ce qui fait notre amitié est restée complètement intact à la suite de la transition.
Je pense que, lorsque l’on pense, en tant que cis, à une personne trans, on pense immédiatement à tout ce qui va changer ou a changé en elle, parce qu’on l’identifie par sa transition, en occultant complètement le fait que la personne que l’on a en face de nous a toujours été et sera toujours la même personne. Il y a eu quelque changements mineurs, notamment sur le contact physique (on est plus proche à ce niveau la qu’avant la transition, surement parce qu’entre homme on hésite plus à se toucher qu’entre un homme et une femme), mais dans l’ensemble, peu de chose on changé. |
Racontez un moment très fort de votre relation depuis le début de sa transition. |
La dernière fois que nous nous somme vu IRL. C’est pas le moment le plus intense (on se parle quand on est au fond du trou, on se dit tout), mais la dernière fois que nous nous sommes vu, je nous est senti proche. On s’était pourtant pas croisé depuis longtemps, mais j’étais heureux de lui parler.
Ça m’a frappé à quel point, même en se perdant un peu de vue, notre relation n’a pas changée, on est proche, on se connais très bien, on est à l’aise, on dit tout. C’était une sortie normal, mais qui m’a rappelé pourquoi et à quelle point j’aime être ami avec elle. |
Un conseil, un message à partager pour une personne qui vivrait la transition d’un de ses proches ? |
Tout d’abord, je soulignerais que l’on surestime les changements que la transition induit dans la relation que l’on a avec la personne, et que l’on sous-estime ceux qui ont lieu dans la vie de la personne qui transitionne.
Vous aurez le même vécu, vous serez proche de la même façon avec iel qu’auparavant, et même si dans une société aux rôles genrés, on a pas la même relation avec les hommes et les femmes, ces changements seront plutôt mineurs. En revanche, la transidentité est un combat quotidien pour celles et ceux qui la vive. Ainsi, il faut être à l’écoute de vos proches pour les accompagner dans ce combat. Et il faut éviter de devenir un obstacle supplémentaire : pour cela soyez à l’écoute. Vous serez maladroit au début, acceptez qu’on vous reprenne et qu’on vous dise qu’il ne faut pas faire ou dire ceci, et tout se passera bien. |