Présentez-vous en quelques mots |
j’ai 35 ans, célibataire de Quimper, agent de nettoyage en reconversion… |
Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ? |
j’ai su dès l’âge de 2 ans et demi que j’étais un garçon, et pas la fille qu’on disait que j’étais… je ne sais pas pourquoi je me suis identifié comme ça, mais j’étais certain d’être un garçon et que Kiki allait bien finir par pousser. on m’a toujours perçu et identifié fille, habillé très fille (jusque les rubans dans les cheveux et le vélo rose Barbie), parfois ça ne me dérangeait pas mais la plupart du temps ça me faisait comme des coups de poignards. ceci dit, cette éducation hyper féminine m’a aidé à me construire, non pas comme une fille, mais comme le garçon que j’ai toujours été. à mes 18 ans, je me suis promit qu’à mes 30 ans, j’aurai un travail en CDI et que c’est ce qui me permettrait de démarrer quelque chose. finalement, mes 30 ans sont vite arrivés, j’ai fais des recherches sur le Net pour savoir ce que j’étais. C’est comme ça que j’ai su que je suis trans. |
Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ? |
je n’ai pas eu de peurs vis-à-vis de moi-même, mais par rapport à ma mère qui a toujours été dominante et jugeante. le plus dur pour moi a été de faire mes CO, une fois faits, j’ai été libéré d’un poids. je ne peux pas conseiller sur la marche à suivre, comment faire, parce que chacun est différent, chaque entourage est différent, mais si vous avez la possibilité de trouver des liens internet ou des dépliants sur la transidentité, c’est un plus pour faire ses CO. Et pourquoi pas être accompagné de quelqu’un qui vous connais bien et sait pour votre transidentité. |
Comment se sont déroulés vos coming-outs ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ? |
j’ai fait mon 1er CO à un ami via Facebook… ça c’est bien passé. Celui à ma mère a été plus compliqué, je l’ai fait par mail, et ça a été la catastrophe (elle n’a toujours rien compris; elle a oublié le mail, je crois… mégenrage à fond 5 ans plus tard). Pour le reste de la famille, c’est suite à un article dans un journal régional, avec ma photo, qu’ils l’ont su. D’autres m’ont vu sur un reportage Tébéo. Pour le reste de mes amis, j’ai fais un article Facebook sur ma page F, et invité celles et ceux qui le souhaitaient à me rejoindre sur ma page M. |
Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidées durant votre transition. |
j’ai été conseillé et aidé par l’asso Ouest Trans, ma psychologue aussi, l’ancien Forum Vert, puis le forum Trans District. Je n’ai jamais été seul durant ma transition, et le fait d’avoir des moments avec d’autres personnes trans m’a permis justement de ne pas me sentir seul et de pouvoir échanger. |
Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ? |
Ma transition a eu des hauts et des bas, mais oui, ça valait le coup de la faire, aujourd’hui personne ne peut se douter que j’ai été assigné fille à la naissance. J’ai pris ma revanche sur la vie. Ça n’a pas arrangé certaines souffrances dues au passé, faut pas croire qu’une transition va tout arranger. Je n’ai pas oublié ce que j’ai vécu, tant sur le plan de ma transidentité que sur d’autres choses, ma transition n’a pas réglé les problèmes qui ne sont pas dus à ma transidentité, mais je suis soulagé d’avoir pu régler cette partie de ma vie, d’être extérieurement l’homme que je suis. Je suis fier de moi parce que j’ai réussi cette étape, maintenant je peux avancer sur d’autres choses. |
Racontez un moment très fort de votre transition |
Un point négatif : avoir dû passé par le tribunal pour obtenir la prise en charge de ma mammec’. J’étais déjà hyper mal à cause de ces proéminences que je subissais depuis au moins l’âge de 10 ans (pubère à l’âge de 8 ans et demi), là, le coup de ma CPAM, ça a été le coup de trop. Finalement le tribunal m’a donné raison, mais je me serai passé de cette histoire (clairement, j’étais à 2 doigts d’acheter une corde et trouver un arbre).Un point positif : avoir connu l’asso Ouest Trans depuis ses débuts… c’est devenu une famille de cœur, même si je ne les vois pas souvent, j’apprécie énormément le temps passé avec eux… toutes ces belles personnes que j’ai rencontré au fil de ma transition, qu’elles soient trans, cis ou intersexes. |
Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ? |
D’essayer de rencontrer une asso trans, ça permet un appui non négligeable pour une éventuelle transition. On a accès au groupe de paroles/permanence rien qu’entre nous et c’est sécurisant de savoir que personne ne sera là à épier nos paroles, que personne ne pourra se moquer de nous. Ne pas hésiter à poser des questions, il n’y a pas de questions idiotes. |