Présentez-vous en quelques mots |
J’ai 27 ans, je suis dans le milieu de l’écriture et du dessin. Je vis depuis quelques années maintenant avec mon compagnon qui me soutient tous les jours. |
Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ? |
J’ai toujours trouvé cela étrange qu’on me genre au féminin et j’ai toujours détesté au plus profond de moi mon prénom. C’était comme si quelque chose n’allait définitivement pas. Au collège, j’ai commencé à me poser beaucoup plus de questions et à expérimenter, avant de définitivement mettre tout de côté pour essayer de me conformer aux autres. Ma timidité n’aidant pas, j’ai continué mon chemin en silence et c’est au lycée que j’ai eu comme une révélation. Tout ce que j’avais mis au placard est ressorti d’un coup. J’avais essayé d’être quelqu’un que je ne suis pas pour les autres, pas pour moi. Ç’a fait vraiment mal. C’est avoir enfin Internet qui m’a véritablement aidé. Rencontrer sur des forums des personnes toutes différentes… J’ai pu enfin mettre un mot sur ce que je suis. Jamais je ne remercierai assez ceux qui m’ont aidé. |
Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ? |
Ma grande peur fut quand tout m’est tombé dessus. Quand dans le reflet du miroir je voyais quelqu’un qui n’était pas moi, qui ne pouvait pas être moi. La puberté m’avait déjà très fortement frappé et elle a fait d’énormes ravages en peu de temps. J’ai pris sur moi, et j’ai commencé à faire le tri dans les vêtements, les chaussures, les accessoires. J’ai fait de façon à ce que cela me plaise à MOI, pas aux autres. Je n’ai pas complètement réussi et ma taille me complexe assez, ce qui me rend très peu « crédible » sur le coup. |
Comment se sont déroulés vos coming out ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ? |
Je ne me suis pas encore out dans ma famille. Autant du côté paternel, ils sont beaucoup et cela pourrait certainement aller. Mais de l’autre côté… Ma mère est la seule fille parmi trois enfants. Mes grands-parents n’ont eu qu’une seule petite-fille sur les cinq. J’ai cette impression d’être la cible d’une malédiction. Une autre chose aussi m’a fait complètement me fermer. Je suis sorti au collège avec une fille. Quand je l’ai annoncé à ma mère, sa seule réaction fut, je cite : « Arrête de te foutre de moi. » Du coup aujourd’hui je n’ai toujours rien dit et ça me ronge. Mais je pense, au fond de moi, que le mieux est encore de le taire pendant les événements familiaux. J’avoue me sentir un peu comme en mission secrète dans ces moments-là, ça rend la chose plus vivable. |
Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidé durant votre transition. |
Il y a eu beaucoup de personnes, des gens de passage, simplement utilisant le bon pronom. Mais surtout une personne qui m’a aidé et m’aide toujours. Cette personne à qui je raconte tout sans aucune barrière – vraiment aucune. Je pense certainement que sans elle, j’aurais continué d’errer sans fin avant de trouver une réponse. |
Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ? |
Elle se passe bien. Lentement, mais oui elle est là. Cela vaut le coup totalement et me rend clairement heureux. |
Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ? |
De ne pas hésiter à le faire, même si ce n’est que d’infimes changements au départ. Se renseigner, lire des témoignages, regarder des vidéos, remarquer que l’on n’est pas seul dans notre cas. Que notre voisin·e, la personne qui passe en courant chaque jour, nos ami·e·s. Toustes peuvent être de genres différents et nous ne le savons pas. Alors, pourquoi vouloir à tout prix ressembler à une star, quand on peut être soi-même exceptionnel en étant tout simplement soi-même ? |