Témoignage

Aaron, homme trans de 19 ans

J’ai 19 ans, je suis étudiant en art, j’ai fait mon coming out en octobre 2018
Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ?
Tout a commencé en 2011, j’avais 11 ans, j’étais en 5ème primaire (en Belgique) et j’ai eu mes premières règles en mai cette année là.

J’étais à la fois heureux de « devenir une femme » mais en même temps, je me sentais très mal, quelque chose me disait que je n’aurais jamais dû les avoir, que ce n’étais pas pour moi. J’ai grandi avec ce mal-être sans trop me poser de question, me disant que c’était la puberté qui faisait que je me sentais mal.

Vers mes 17 ans, je me suis intéressé à la communauté LGBT+ mais surtout aux identités de genre et j’ai commencé à me dire « non-binaire » et à me créer mon identité masculine tout en gardant les mêmes initiales. J’ai eu une relation en mai 2018 avec une fille qui rejetait totalement ma masculinité, quand je parlais de moi au féminin, elle utilisait des surnoms mixtes (mon ange, mon amour) mais quand je parlais de moi au masculin, elle utilisait des surnoms féminins (ma chérie, ma femme).

J’ai fini par arrêter notre relation début octobre 2018 et j’ai demandé à des amis de parler de moi au masculin et de m’appeler Aaron. J’ai ensuite fait mon coming out auprès de ma famille et j’ai été très bien accueilli.

J’ai demandé un changement d’identité en janvier 2019 et suis officiellement un homme depuis avril 2019.

Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ?
Je dois bien admettre que j’ai encore beaucoup de dysphorie mais avoir les cheveux courts et m’habiller chez les hommes m’aide beaucoup. J’ai malheureusement une poitrine très présente donc la camoufler est assez difficile, je mets donc une brassière de sport et un t-shirt un peu grand pour camoufler.

Le fait d’être officiellement un homme m’a permis aussi de m’assumer un peu plus et d’oser aller dans les toilettes des hommes (ça semble peu mais pour moi, c’est un exploit) et ma façon de combattre cette dysphorie est de me dire que c’est passager, que mon corps va changer et que je pourrais être fier du combat que j’ai mené.

Comment se sont déroulés vos coming-outs ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ?
J’ai d’abord fait mon coming out à ma sœur jumelle en lui expliquant que je pensais être « né dans le mauvais corps ». Elle s’est montrée très ouverte et compréhensive, ce qui m’a motivé à le faire à mon père quelques jours plus tard. Je ne cache pas que j’ai fondu en larmes mais je me sentais plus libéré qu’autre chose. Je lui ai expliqué que je pensais être en réalité un garçon, que ça faisait des années que je réfléchissais sur la raison de mon mal-être et que j’avais enfin trouvé la raison et la solution.

Lui aussi s’est montré compréhensif et nous avons pris rendez-vous chez une psy, non pas pour me «  »soigner » » mais pour m’aider à être sûr de moi et à m’affirmer (une psy totalement adorable d’ailleurs) ensuite, le 21 décembre 2018, lors d’une réunion de famille, j’ai profité de la présence de tout le monde pour leur annoncé ma transidentité et ma futur transition. Là aussi, j’ai fondu en larmes et ma marraine est venue près de moi et a passé son bras autour de mes épaules pour me donner du courage.

Alors je leur ai tout dit, je leur ai dit que je m’étais longtemps cherché, que je m’étais posé beaucoup de questions mais que je m’étais enfin trouvé, que j’étais un garçon et que j’allais entamer une transition hormonale afin de le devenir physiquement.

Lorsque j’ai eu finis, un de mes oncles m’a directement demandé comment ils devaient m’appeler à partir de maintenant et je leur ai donné mon prénom et lorsque tout le monde est parti, mon grand-père, l’homme qui ne montre jamais de signe d’affection, m’a pris dans ses bras en me disant que je serais toujours LE bienvenu, peu importe mes changements ou mes choix.

Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidées durant votre transition.
Je pense que ma sœur jumelle est la personne la plus présente et la plus importante pour moi, elle m’a d’ailleurs directement considéré comme son jumeau après mon coming out. Je pense que si elle n’avait pas été là, je n’aurais jamais eu le courage d’affronter les épreuves que je vis et vivrais.

Nous n’allons jamais loin si nous restons renfermé et seul dans notre coin, nous avons besoin d’une oreille attentive et surtout d’une épaule sur laquelle se reposer.

Comment se passe votre transition ? Est-ce que ça valait le coup ? Est-ce le résultat auquel vous vous attendiez ?
Je n’ai pas encore commencé ma transition hormonale malheureusement mais je sais que ça vaudra le coup, je n’ai d’ailleurs pas peur, bien au contraire, j’ai hâte de vivre chaque instant de cette transition.
Racontez un moment très fort de votre transition
Le moment le plus fort est lorsque j’ai fait une crise de dysphorie en pleine nuit et que ma sœur jumelle est venue me réconforter en me répétant que je suis un garçon, que je serais bientôt débarrassé de ce qui me complexe et surtout que notre mère (décédée il y a trois ans) me regardait et était fière de moi. Ce jour là j’ai vraiment compris que j’étais sur la bonne voie pour être moi-même et heureux et je savais que ma mère, même si elle ne pouvait pas me le dire, me regardait et m’encourageait.
Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ?
Il faut foncer. La vie est trop courte pour avoir des regrets alors juste, il faut foncer. La première personne à qui nous devons plaire, c’est nous-mêmes, personne n’a à te dire quoi faire ou comment le faire. Si tu veux te lancer, lance toi.

Témoignage rédigé dans le cadre d’une publication pour Wiki Trans. Toute copie est interdite. Merci de respecter ces témoignages.

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