Note : ce témoignage a été édité pour retirer les mentions de l’ancien prénom d’Océane et les pronoms masculins.
Je m’appelle Emilie, j’ai 33 ans. Je suis l’ex-femme d’Océane.
J’ai rencontré Océane en 2005, alors qu’elle. Nous sommes rapidement devenus très amies (amies en commun notamment) et nous avons commencé notre relation en 2008. Ce qui m’a attiré chez elle c’est ce coté très sensible, protectrice et gentille. Nous partagions et partageons toujours beaucoup de points communs ensemble, des centres d’intérêts communs (maquillage, beauté, mode). Pour moi c’était la personne que j’avais toujours voulu avoir, qu’elle soit mon « amie » et « confidente » . Tout en ayant des centres d’intérêt de « garçon » (foot, jeux vidéos) que je prenait plaisir à découvrir.
Nous avons commencé à vivre ensemble en 2013, et nous nous sommes mariées en 2014.
C’est à partir de 2015 que les choses ont commencé a évoluer.
Océane ressentait le besoin d’être de plus en plus elle même mais à commencer à se cacher pour me protéger, car cela me faisait peur et je refusais qu’elle soit elle même, je ne savais pas comment le gérer. La dysphorie de genre était un terme totalement inconnu pour moi. Pour moi c’était du travestissement.
Lorsque j’était absente, Océane pouvait se maquiller, mais je ne voulais pas y voir sous notre toit. Océane pouvait profiter de ses vêtements quand j’étais absente. Nous avions notre dressing commun, avec une partie de vêtements féminins. Une commande de chaussures qui est restée sous le lit pendant de nombreux mois . Il y avait ce tabou qui régnait entre nous. Un jour, Océane est arrivée maquillée à un anniversaire d’un membre de ma famille, sans me prévenir. Je n’étais pas d’accord et je lui ai demandé de faire demi tour. Finalement nous y sommes allées ensemble. J’ai apprit qu’elle s’était faite insulter par des invités dans son dos…
Un autre anniversaire ou nous étions invitées, je ne voulais pas de vêtements féminins, ce qui nous conduisait à des disputes . J’étais tiraillée entre le fait de vouloir lui faire plaisir car je l’aimais et en même temps, je n’assumais pas du tout ce changement. Et Océane était tiraillée par le fait de me « protéger » pour ne pas que je souffre et le fait d’être elle même.
Avril 2017. Après de nombreux mois ou je sentais qu’Océane devenait de plus en plus renfermée sur elle même et ou on ne communiquait plus, j’ai reçu un message écrit ou elle me disait qu’elle ressentait de plus en plus de la dysphorie de genre (c’est la première fois que j’entendais ce terme) . Le ciel m’est tombé sur la tête.
Comment le coming-out et la transition de votre proche ont-ils transformés votre relation ? |
J’ai commencé de mon coté à m’informer via des forums et des sites, tout en faisant face au « deuil blanc » .
J’avais l’impression que la personne avait qui j’étais allait « mourir », vu que je savais qu’elle allait changer physiquement. Ce ne serait plus jamais la personne que j’avais épouser. il fallait que je m’y prépare. Mais nous étions malheureuses ensemble, au sein du couple. Je pensais après lu des témoignages que nous pourrions continuer notre relation (un monsieur qui était devenu une femme trans, jusqu’à être grand mère !) je ne me disait, pourquoi pas nous ! Nous nous sommes donné quelques temps pour réfléchir. C’était difficile car ma famille ne me sentait pas épanouie… et mes proches avaient de plus en plus de mal avec cette idée. Mais même si on peut s’en foutre du regard des autres, il faut penser aux conséquences que cela a pour les gens autours, je savais de mon coté que si je choisissait de rester avec Océane, je me serais éloignée de ma famille, et je ne voulais absolument pas choisir. Nous nous sommes séparées en août 2017. |
Racontez le parcours de votre proche, de votre point de vue. Est-ce que sa transition a un effet positif sur lui/elle/iel ? |
Un effet absolument positif ! un papillon qui est sorti de sa chrysalide . Océane s’affirme, dit ce qu’elle pense (même si ce n’est pas toujours plaisant à entendre ou lire). Une photo Instagram postée il y a quelques mois, ou j’ai vu une lueur de bonheur dans ses yeux, que je n’avais jamais vue auparavant. Mais le chemin est encore long au niveau de certaines relations familiales, mais Océane a beaucoup de courage et fait un très très long chemin et une grosse bataille avec elle même pour s’en détacher. |
Racontez un moment très fort de votre relation depuis le début de sa transition. |
Notre relation a vraiment évoluée de façon très positive. Nous nous sommes « rendue » notre liberté. Aujourd’hui, nous sommes toujours très amies, et je la considère toujours comme ma famille. Le moment le plus fort c’est qu’elle m’aura permit d’ouvrir mon esprit, de gagner en maturité, sur beaucoup de choses. Elle a tout mon soutien. C’est la plus belle preuve d’amour que je pouvais lui apporter. Malgré les injonctions de la société qui disent que ce n’est pas possible de rester ami avec son ex. Malgré les incompréhensions type « mais pourquoi ils se sont mariés??? » Au contraire cela n’a fait que nous rapprocher 😉 |
Un conseil, un message à partager pour une personne qui vivrait la transition d’un de ses proches ? |
Informez vous, documentez vous, communiquer. Regardez des documentaires, des forums. Avec votre proche, ou tout seul, soutenez le, il/elle a besoin de vous. C’est un combat difficile avec beaucoup d’idées reçues, mais votre relation n’en sortira que grandie. Il/elle vous en sera reconnaissante. Mais n’oubliez pas de penser à vous aussi. Cela vous permettra de découvrir aussi qui vous êtes. Laissez le/la voler de ses propres ailes !
Aujourd’hui je n’ai jamais été aussi épanouie car cela m’a permit de savoir ce que je voulais ou pas dorénavant dans mes futures relations 🙂 |