J’ai 20 ans, je suis une personne agenre, bientôt en DUT info-com option métiers du livre, niveau transition, je ne sais pas trop quoi dire car à part une transition sociale, je n’ai rien, et n’ai rien envie de faire. Niveau transition sociale, les personnes autour de moi savent en globalité que je suis non-binaire et m’appellent par mon prénom, sauf ma famille qui n’est pas au courant. |
Racontez votre parcours jusqu’à comprendre que vous étiez trans. Comment l’avez-vous compris ? |
J’ai commencé à me poser des questions en première-terminale, quand une personne que je suivais a parlé sur son blog du fait qu’elle était pansexuelle. J’ai alors fait des recherches (merci internet pour ça !), et au fur et à mesure j’ai appris pas mal de choses sur tout ce qui concerne l’orientation sexuelle, l’identité de genre, etc… Au départ, je me suis considéré-e comme genderfluid, parce que la définition me parlait, mais c’est vraiment en découvrant le terme agenre que je me suis reconnu-e. Je n’avais jamais bien compris les stéréotypes de genre, et n’avais jamais eu envie d’y correspondre. Et là, découvrir agenre (= une absence de genre), ça a été un déclic et je savais que c’était moi, tout simplement. |
Quelles ont été vos inquiétudes ? Comment les avez vous surmontées ? |
C’est surtout au niveau de la famille que c’est le plus compliqué, car iels ne sont pas au courant, et ne le seront sans doute jamais, soyons honnête. Je n’ai pas envie de leur faire mon coming-out. D’autant que je suis maintenant loin d’eux, et les personnes que je fréquente là où j’habite m’appellent et me genrent globalement comme je le souhaite. Donc c’est déjà une victoire pour moi en soi. Niveau dysphorie, je n’en ai jamais eu donc je ne pourrais pas donner de conseils là-dessus.
J’avoue avoir eu, et avoir encore des peurs quant au fait de faire mon CO à des personnes que je ne connais pas (quand je rencontre de nouvelles personnes par exemple), vu que comme je suis AFAB et ai une expression de genre vue comme « féminine », on me considère de suite comme une fille. Mais je commence à avoir moins peur de le faire, même si je jauge aussi les lieux plus aptes et ouverts que d’autres pour me protéger. |
Comment se sont déroulés vos coming-outs ? Si vous ne l’avez pas (encore) fait, pourquoi ? |
Le premier CO que j’ai fait était à mon meilleur ami à l’époque. Ça s’est fait comme ça, au détour d’une conversation, et ça s’est plutôt très bien déroulé vu qu’il s’est aussi posé des questions sur lui-même et a découvert être un homme trans non-binaire.
Je ne m’en rappelle pas d’autre de manière aussi précise, d’autant que c’est des CO constants dès que je rencontre de nouvelles personnes pour qu’on me genre bien. On va dire que j’ai toujours essayé de les faire à des personnes que je sentais ouvertes et/ou quand je me sentais assez en sécurité (avec un échappatoire par exemple) pour le faire. Le tout est de jauger pour savoir si notre sécurité est mise à mal ou pas. |
Racontez quelles sont les personnes qui vous ont aidées durant votre transition. |
Au départ je n’avais que mon meilleur ami, et on a avancé ensemble au niveau questionnement, transition, etc… C’était rassurant d’être à deux pour expérimenter. À part cela, c’est surtout sur Twitter que j’ai eu le plus de soutien là-dessus, vu que je ne le cache pas sur les réseaux sociaux. Le fait qu’on me genre bien dessus m’a vraiment énormément aidé. Et à présent j’ai aussi des personnes proches, dont ma chérie, qui me genre correctement et m’appellent par mon prénom choisi, tout en étant dans un environnement où ce prénom est le seul connu, et ça fait du bien. |
Un conseil à donner pour une personne trans qui voudrait se lancer ? |
Surtout écoutez vous, écoutez vos ressentis. Ils sont légitimes. Ça peut prendre du temps de se trouver, de trouver des mots à poser dessus, parfois on n’en trouve pas et ce n’est pas grave. Le tout est de faire les choses selon ce qu’on ressent et ce que l’on veut, sans laisser d’autres personnes décider de cela à sa place. Vous êtes légitimes. Même si vous ne voulez pas faire de transition physique, même si vous n’avez pas de dysphorie, même si on vous dit que votre ressenti est faux. Il n’y a que vous pour savoir. Et surtout, protégez-vous et veillez à être en sécurité. |