FAQ du THS Féminisant

Effets

Puis-je savoir précisément à l’avance comment mon corps va réagir au THS ?

C’est hélas impossible de savoir si le corps va bien réagir ou pas. Les effets peuvent énormément varier selon les gens selon leur génétique, leur age, leur corpulence, etc.

Certaines personnes auront besoin d’un dosage d’œstrogènes plus importants et/ou d’une plus forte suppression de la testostérone pour exprimer tout leur potentiel tandis que d’autres pourront ressentir tous les effets avec un faible dosage.

Si le physique de départ, la génétique et l’age à laquelle on démarre sa transition va jouer un rôle, cela ne détermine pas tout.

Quels sont les risques de stérilité avec le THS ?

Cela dépend des gens, mais de manière générale le THS a un risque de stérilité. On suppose que le risque de stérilité peut apparaitre dés les premiers mois de prise d’hormones.

Il est vraisemblablement possible de retrouver une fertilité en arrêtant le THS, mais le risque de stérilité définitive est d’autant plus important qu’on a été sous hormones pendant une longue période.

Malgré tout, certaines personnes ont réussi à conserver leur fertilité au bout de plusieurs années, ou à la retrouver en stoppant leur THS et/ou en prenant de la testostérone.

Pour toutes ces raisons, le conseil le plus sage que l’on peut donner est :

  • Si vous souhaitez avoir des enfants, considérer que le THS va rapidement entrainer une stérilité, et une conservation de gamètes sera sans doute nécessaire.
  • Au contraire, si vous ne souhaitez pas avoir d’enfants et que vous avez des relations sexuelles, considérer que le THS ne vous rendra pas forcément stérile et que l’utilisation d’un moyen de contraception reste indispensable.

Est-il possible d’avoir des « règles » comme les femmes cis ?

S’il est bien entendu impossible pour une femme trans d’avoir des règles avec les saignements, de nombreux témoignages de femmes trans indiquent l’apparition de symptômes comme des crampes au ventre, des nausées, des maux de tête, de douleurs dans les seins et une forte irritabilité qui reviennent tous les mois.

Comme pour les femmes cis, ces symptômes sont très variables selon les gens, tout le monde ne ressent pas tous les symptômes, ni avec la même intensité. Certaines femmes trans ne ressentent aucun de ces symptômes alors que d’autres les ressentiront très fortement.

La progestérone peut-elle aider à arrondir les seins ou les empêcher de partir sur le coté ?

C’est une information que l’on entend régulièrement dans les milieux trans. Cependant, il est impossible de savoir à quel point cela est vrai. Si certaines personnes rapportent que l’ajout de la progestérone les a aidé, cela n’a eu aucun effet pour d’autres.

De plus, les rares études qu’il y a pu y avoir sur le sujet, chez les femmes cis ou trans, ne montrent aucun effet physique de la progestérone sur la forme de la poitrine

Existe-t-il des THS pour les personnes non-binaires ?

Officiellement, il n’existe aucun THS dédié pour les personnes non-binaires.

Officieusement, certaines personnes non-binaires qui ne souhaitent pas une féminisation trop complète du corps ont eu recours à l’une des deux techniques suivantes :

1 – Faire en sorte de conserver des taux de testostérone un peu plus élevé que les taux féminins et/ou de ne pas trop monter les taux d’œstrogènes, afin de se trouver dans un « entre-eux » hormonal. Cependant, l’équilibre peut être assez compliqué à trouver.

2 – Utiliser un type d’œstrogène de synthèse qu’on appelle SERM (Selective Estrogen Receptor Modulators), qui a la faculté de se comporter comme des œstrogènes dans certains tissus uniquement, alors que dans d’autres tissus, ils peuvent se comporter comme des anti-œstrogènes.

Parmi tous les SERMs existants, le plus couramment utilisé est le Raloxifene car il va permettre d’obtenir une féminisation complète du corps mais sans pousse de la poitrine

Attention : ces 2 méthodes sont en général plus risquées pour la santé qu’un THS « classique » et peuvent être considérées comme expérimentales.

Suivi et dosages

Prise de sang : les valeurs à analyser

Les valeurs habituellement testées lors d’un bilan sanguin pour début de traitement hormonal sont :

  • Testostérone (aussi appelé parfois testostérone totale par les laboratoires)
  • Oestrogène
  • Prolactine
  • LH
  • FSH
  • TSH
  • NFS
  • Bilan lipidique
  • glycémie à jeun
  • Bilan hépatique (ASAT, ALAT, GGT)
  • Créatinine

Par la suite, il est possible de ne pas tester toutes ces valeurs systématiquement, mais il est recommandé de faire un bilan global au moins de temps en temps.

Il parait qu’il faut éviter de prendre trop d’œstrogènes car le corps peut les transformer en testostérone, c’est vrai ?

Non, c’est totalement faux. Il est impossible pour le corps humain de convertir les œstrogènes en testostérone.

Par contre, l’inverse est vrai. Quelqu’un qui a de très forts taux de testostérone peut en voir une partie convertie en œstrogènes, c’est ce qu’on appelle l’aromatase

Est-il possible de se passer d’anti-androgène sur le long terme si on ne fait pas de vaginoplastie / orchidectomie ?

Oui, parfaitement ! Il suffit pour cela de faire monter suffisamment ses taux d’œstrogènes et/ou de progestérone pour que le corps stoppe de lui même la production de testostérone.

Est-ce que c’est utile de faire varier ses taux d’hormones au cours du mois comme chez les femmes cis ?

Non. Non seulement cela ne sert à rien, mais vous risquez de faire remonter le taux de testostérone pendant les jours où vous abaisseriez le taux d’œstrogènes

Équivalence entre les différentes méthodes de prise d’œstrogènes

Le tableau ci-dessous indique l’équivalence entre les différentes méthodes.
Attention cependant, les taux ont tendance à énormément varier selon les gens. Ces chiffres sont donc uniquement à considérer comme informatifs. Une prise de sang reste nécessaire pour connaitre précisément ses taux d’hormones.

ComprimésPatchGelInjectionImplant
2 mg/jour50 μg/jour1.5 mg/jour1 mg/semaine25 mg/6 mois
4 mg/jour100 μg/jour3 mg/jour2 mg/semaine50 mg/6 mois
8 mg/jour200 μg/jour6 mg/jour4 mg/semaine100 mg/6 mois
12 mg/jour300 μg/jour9 mg/jour6 mg/semaine150 mg/6 mois
Source du tableau

Prise du traitement

Quels produits dois-je demander à mon médecin ?

Nous vous conseillerons toujours de vous intéresser aux différentes options disponibles pour vous, et d’apprendre à maîtriser le sujet de votre traitement hormonal. Même si votre médecin connait très bien son sujet (ce qui n’est pas le cas systématiquement), il est important que vous puissiez dialoguer ensemble.

Pour en savoir plus sur les produits pouvant être envisagés, rendez-vous dans les pages de notre dossier sur le THS féminin et la page des traitements hormonaux.

⚠️ Androcur
Dans le cadre d’un traitement féminisant, certains médecins vous proposeront un traitement à base d’Androcur, parce qu’il s’agit du bloqueur de testostérone le plus connu en France.
Cependant, il est désormais connu pour ses risques sur la santé pouvant aller jusqu’à une tumeur cérébrale. Nous vous conseillons de refuser un traitement à base de ce médicament.

Combien de temps dois-je prendre le traitement ?

Le traitement est à appliquer tant que vous souhaitez bénéficier des effets des hormones. Selon les besoins et les profils, certaines personne trans les prendrons à vie, d’autres déciderons d’arrêter le traitement au bout d’un certain temps (6 mois, 2 ans, 10 ans, ect) .

Il est possible de les arrêter à tout moment sans risque pour la santé si le corps a des organes capables de produire des hormones sexuelles (présence de testicules ou d’ovaires fonctionnelles). Les produits utilisés peuvent varier selon votre santé, des opérations que vous effectuez et vos propres décisions personnelles.

Après une opération d’ablation des gonades (testicules ou ovaires), une prise de traitement hormonale sera nécessaire pour éviter une carence en hormones qui peut mener à une santé plus fragile et de l’ostéoporose.

Que se passe-t-il en cas d’arrêt du traitement ?

Dans le cas d’un arrêt de traitement, certains changements restent :

Après l’arrêt d’un traitement hormonal masculinisant :

  • la voix peut remonter légèrement chez certaines personnes mais les changements restent
  • La pilosité peut décroître un peu mais reste
  • L’hypertrophie du clitoris reste
  • Les autres changements (odeur, texture de la peau, densité des cheveux) disparaissent.

Après l’arrêt d’un traitement hormonal féminisant :

  • Les seins deviennent plus petits mais restent
  • Les autres changements (odeur, texture de la peau, densité des cheveux) disparaissent.

Dans les deux cas, la répartition des graisses va se faire dans « l’autre sens ». La vitesse à laquelle cela va se passer va dépendre des personnes, mais en général, plus le traitement a été pris longtemps, plus la re-répartition sera lente.

Si vous ne souhaitez pas cela, ou si votre corps n’a plus/pas des organes capables de produire des hormones sexuelles (présence de testicules ou d’ovaires fonctionnelles), le traitement sera a vie.

Il est par ailleurs tout à fait possible de reprendre un traitement hormonal après qu’il ait été arrêté.

Il est également possible recourir à un traitement hormonal microdosé (qui remplace seulement partiellement votre hormonologie naturelle). Les changements seront les mêmes qu’un traitement hormonal classique, mais seront moins intenses et mettront plus de temps à arriver.

Plus d’information à propos des traitements sur la brochure de OuTrans.

Quels effets sur ma fertilité ?

Après quelques mois de prise de traitement, la plupart des personnes trans voient leur fertilité réduite, voire ne sont plus fertiles. Dans certains cas, l’arrêt prolongé (environ 6 mois) du traitement peut permettre de retrouver sa fertilité. Mais nous vous conseillons de ne pas compter là dessus, étant donné que le retour à la fertilité n’est pas systématique.

Si vous souhaitez débuter un traitement hormonal et que vous avez pour projet d’avoir des enfants, nous vous conseillons d’étudier la question de la conservation de vos gamettes avant le début du traitement.

Plus d’informations sur notre article dédié et sur les pages pour les hommes trans et les femmes trans sur le site infotransgenre.be.

Prix et remboursement

Médecin généraliste

Une consultation chez un·e médecin généraliste de secteur 1 (c’est à dire sans dépassement d’honoraire) coûte 25€, est remboursée 16,50€ par la Sécurité Sociale. Sans mutuelle, vous débourserez 8,25€ pour une séance.

En secteur 2, le remboursement est toujours de 15,10€ mais le prix varie selon le/la praticienne.

Spécialistes

En secteur 1, une consultation chez un·e spécialiste de (c’est à dire sans dépassement d’honoraire) coûte 30€, est remboursée à hauteur de 70% (20€) par la Sécurité Sociale si vous passez d’abord par votre médecin traitant. Ainsi sans mutuelle, vous débourserez 10€ pour une séance.

Si vous prenez rendez-vous directement avec un·e spécialiste, vous ne serez remboursé·e qu’à hauteur de 30% des 30€.

Le reste du tarif peut être pris en charge par votre assurance complémentaire ou mutuelle. Sinon, en secteur 1, vous payez en moyenne 10€ par séance.

En secteur 2, le remboursement est aussi de 15,10€ par la Sécurité Sociale, mais les tarifs peuvent grandement varier selon les spécialistes. N’hésitez pas à demander à l’avance le prix d’une séance, pour éviter les mauvaises surprises.

Prix des hormones

Le prix des hormones peut varier en fonction de la méthode de prise et du produit concernée. Pour les hormones les plus communes, elles sont remboursées partiellement par la sécurité sociale.

Avec la sécurité en sociale et une mutuelle, vous ne débourserez jamais plus de quelques euros pour les traitements les plus courants. Et même sans prise en charge par la sécurité sociale, vous ne payerez jamais plus d’une dizaine d’euros par mois.

La seule dépense notable sera l’achat du matériel nécessaire aux injections de testostérone (ex : 15€ pour 100 seringues).

Détail des prix disponibles sur le site Transposé-e-s : œstrogène et testostérone.

ALD : Aide financière disponible pour les personnes trans

Une aide pour les personnes trans existe, vous permettant d’obtenir le remboursement à 100% de vos consultations psychiatriques. En savoir plus sur l’ALD.

À propos du dossier

Qui sont les auteurs de ce dossier ?

La grande majorité du contenu a été conçue par Julie L., une femme trans et membre du bureau du Réseau Santé Trans, une association composée de personnes trans et de médecins ayant pour but d’améliorer la prise en charge des personnes trans en région Bretagne.

Respectée dans la communauté trans francophone, son contenu sur les traitements hormonaux qu’elle poste sur son compte Twitter est toujours très suivi.

D’autres membre de l’équipe Wiki Trans ont collaboré à sa conception (Entropea pour la mise en page et Tieffeline pour la relecture notamment).

Vous avez également été nombreuses et nombreux à nous faire des retours durant la phase de test de ce dossier, ce qui nous a permis de compléter ces articles pour qu’ils répondent à un maximum de vos questions.

J’ai encore des questions ! Puis-je vous contacter ?

Nous sommes bénévoles et avons donc des connaissances et du temps limité. Après vous êtes assuré que la réponse à votre question ne se trouve pas dans ces pages, vous pouvez nous envoyer un message depuis notre page de contact.

Nous ne pourrons pas vous garantir un délai de réponse, et nous n’aurons peut-être pas toutes les informations à notre disposition.

Vous pouvez également vous tourner vers les nombreuses associations françaises en ligne, ainsi que les professionnels de santé qui suivent votre traitement.

Quels sont vos sources ?

Toutes les sources utilisées pour écrire ce dossier sont présents directement sous les paragraphes correspondants ou bien en bas de chaque article.

Si il vous semble qu’il manque une source à une information importante, vous pouvez nous contacter, ce qui nous permettra d’améliorer le dossier.

Plusieurs techniques expérimentales sont présentées dans ce dossier. Dans ce cas, il est possible que nous n’ayons pas de source à vous soumettre, simplement parce qu’elles n’existent pas, ou pas encore.

Que pensez-vous de l’oestroguide ?

Vous êtes nombreux à nous remonter le dossier oestroguide. Il s’agit d’un dossier qui présente des techniques expérimentales, qui peuvent être assez discutées dans les milieux de l’automédication mais qui ne sont pas sourcées.

Il y a peu de recul sur certaine des techniques présentés, il est donc à prendre avec précaution.

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Documentation

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