Cet article présente les spécificités de la prise d’œstrogènes par injections. Pour connaitre les effets globaux d’un THS, nous vous conseillons de lire cet article auparavant.
Fiche technique
Produits | Neofollin, Gynodian Depot |
Doses habituelles | Estradiol Valerate : 4mg tous les 5 jours Estradiol Cypionate : 6mg tous les 7 jours Estradiol Enantate : 7.5mg tous les 10 jours ou 10mg tous les 14 jours |
Taux sanguins à surveiller | Estradiol, Testostérone, LH FSH, SHBG |
Attention, ces dosages sont donnés uniquement à but indicatif. En pratique, les doses peuvent fortement varier selon chaque personne. Il sera nécessaire de se baser sur les résultats de vos prises de sang pour ajuster la dose.
Accès en France
Aujourd’hui, les produits destinés aux injections d’estradiol ne sont plus commercialisés en France. S’il était encore possible d’obtenir une prescription pour des injections en France, il n’est plus possible depuis fin 2020 de l’utiliser pour importer le traitement. Voir la section prescription pour plus de détails.
En revanche, ces produits sont accessibles en pharmacie au Canada, USA, en Asie et dans certains pays d’Europe (République Tchèque, Slovénie et Pologne)
Fonctionnement
Les injections d’œstrogènes sont assez mal connues en Europe, il s’agit pourtant d’une méthode populaire dans d’autres pays, comme en Amérique ou dans certains pays d’Asie.
Les injections ont un avantage que n’ont aucune des autres méthodes : elles garantissent des taux élevés d’estrogènes sans aucune difficulté. Pour les personnes qui ont la peau qui absorbe mal les hormones, il s’agit ainsi souvent du seul moyen de faire une monothérapie œstrogénique et de se passer d’anti-androgène.
En pratique, les injections peuvent se faire :
- soit en intramusculaire (au sein d’un muscle). La longueur d’aiguille étant plus longues, les injections en intramusculaire peuvent être plus difficile à réaliser pour les personnes anxieuses. Les injections intramusculaires se font généralement dans la cuisse lorsqu’on les fait soi-même.
- soit en sous-cutanée (sous la peau). Les injections en sous-cutanée sont plus faciles à faire, mais ont un risque plus élevé de déclencher des irritations chez certaines personnes. Les injections sous-cutanée peuvent se faire soit dans la cuisse, soit dans l’abdomen en évitant la zone autour du nombril.
En dehors de cela, les taux obtenus et la vitesse d’absorption des hormones sont généralement considérés comme identiques.
Depuis peu, il est aussi possible de se passer de seringues et d’utiliser un style à insuline à la place. Cela nécessite d’utiliser une cartouche spéciale contenant les hormones au lieu d’une fiole. Cette méthode reste encore peu répandu et légèrement plus onéreuse, mais elle est idéale pour les personnes ayant peur des injections.
Les différentes formes d’estradiol injectables
Il existe plusieurs formes d’estradiol injectables. Elles se distinguent par l’intensité du pic d’œstrogènes suite à l’injection et sur la durée avant laquelle il va falloir refaire une injection
- L’estradiol valerate est l’une des plus courantes. Elle se caractérise par un pic élevé d’œstradiol suivi d’une chute assez rapide.
- L’estradiol Enantate est un type d’estradiol en injection qui est souvent très apprécié. La raison est pour cela est très simple : il a l’avantage d’avoir un effet de pic moins marqué, permettant d’avoir des taux certes légèrement moins élevés, mais qui est surtout bien plus stables et qui permettent de s’injecter bien moins souvent.
Ci-dessous un petit graphique des courbes que l’on obtient selon le type d’estradiol. On y voit assez clairement que l’effet de pic diffère totalement selon le produit utilisé.
Un simulateur d’injection est disponible ici. Vous pouvez l’utilisez pour visualiser tous les combien de jours précisément vous devez faire une injection, avant d’ajuster en vérifiant les taux sanguins quelques mois plus tard.
Déterminer le dosage adéquat
En pratique, lorsque l’on débute les injections pour la 1ère fois, il est conseillé de suivre les étapes suivantes pour déterminer la quantité à s’injecter :
- Chercher quel est le dosage recommandé en fonction du type d’estradiol qu’on s’injecte (4mg tous les 5 jours pour l’estradiol valerate, 7.5mg tous les 10 jours ou 10mg tous les 14 jours pour l’estradiol enantate)
- Vérifier la concentration en estradiol du produit. Dans la plupart des cas, elle est inscrite sur la fiole. Si ce n’est pas le cas, il est aussi possible de la calculer facilement à partir de la quantité d’hormones présente dans la fiole (par ex, une fiole de 10 ml contenant 0.5g d’estradiol correspond à une concentration de 0.5g x 1000 / 10mL = 50mg/ml)
- Déterminer la quantité de produit à s’injecter en divisant les 2 valeurs précédentes (par ex, pour s’injecter 10 mg d’estradiol enantate, il faut 10mg / 50mg/ml = 0.2mL)
Il est conseillé d’attendre quelques mois après avoir débuté les injections pour que les taux d’hormones se stabilisent. Vous pouvez alors faire une prise de sang juste avant de faire votre injection habituelle afin d’obtenir les taux d’œstradiol et de testostérone au moment où ils sont le plus bas. Si les œstrogènes apparaissent trop faible pour abaisser la testostérone, vous augmentez le dosage injecté. Dans le cas contraire, vous le diminuez.
De même, si vous ressentez une instabilité hormonale, cela est signe qu’il vaut mieux injecter des doses plus faibles, mais plus fréquemment.
Avantages :
- Permet facilement d’obtenir des taux d’hormones élevés, bien plus qu’avec les autres méthodes
- Permet ainsi de se passer d’anti-androgène (monothérapie estrogénique) plus facilement qu’avec le gel, les patchs ou les comprimés
- Risque d’accident thromboembolique plus faible qu’avec les comprimés
- Pas de problèmes d’absorption plus ou moins efficace selon les personnes
Inconvénients :
- Taux hormonaux fluctuants
- Très forte difficulté à obtenir en France via un médecin
- Il ne faut pas avoir peur des injections
Injections via une prescription
La République Tchèque a suspendu l’importation de Noefollin depuis automne 2020. A ce jour, nous ne savons pas quand il y aura une levée de l’interdiction. L’import d’œstrogène injectable via la plateforme Orlypharma n’est plus possible pour l’instant.
On entend souvent que les injections sont interdites en France. C’est faux, vous avez le droit en théorie de vous faire prescrire des injections et aller les dans votre pharmacie.
En pratique cependant, les produits pour les injections d’estradiol ne sont plus commercialisés en France. De ce fait, s’il est possible d’obtenir une prescription pour des injections en France, cela reste impossible d’obtenir le produit légalement.
A l’époque où cela était encore possible, il était nécessaire de trouver une pharmacie qui accepte de commander le produit en dehors de France, avant de pouvoir vous le remettre. En pratique, le pharmacien utilisait un service spécialisé dans la commande de médicaments difficiles à obtenir (comme orlypharma.com par exemple)
Injections en auto-médication
⚠️Attention : Comme toute auto-médication, cette manière de procéder peut être dangereuse. Elle est en particulier extrêmement déconseillée aux personnes n’ayant pas un minimum de connaissances médicales.
En pratique, la voie « officielle » reste encore marginale en Europe. La majorité des femmes trans qui utilisent les injections contournent les médecins et préfèrent pratiquer l’automédication en commandant directement par elles-mêmes les produits pour les injections vendus dans d’autres pays.
Le coût des injections étant en général relativement faible, cette solution est facilement abordable. Ceci fait qu’une partie des personnes trans préfèrent payer une faible somme plutôt que de chercher à convaincre des médecins peu habitués à cette méthode.
Les associations peuvent potentiellement vous aider à passer à cette méthode de prise d’oestrogènes.
Si vous passez par cette solution, assurez-vous d’être en contact avec des professionnels formés ou d’autres personnes trans qui ont l’habitude et qui pourront vous conseiller, autant pour vérifier la validité des produits que pour savoir comment les utiliser !
Comment s’injecter ?
Bien qu’illégale, l’automédication est largement pratiquée. Elle est néanmoins risquée. Un certain nombre de savoirs permettent de réduire ces risques.
Les collectifs FLIRT (Front de Libération Intersectionnel Radical Transfem) et STRIP (Syndicat TRans des Injecteur·ices Précarisé·es) sont deux collectifs agissant à la réduction des risques de cette pratique. Ils ont publié une brochure qui résume chaque étape d’une injection en intra-musculaire d’oestrogène.