Cet article présente le fonctionnement général du système hormonal humain. Il ne vous est pas nécessaire de tout comprendre pour commencer un traitement hormonal (THS), mais pourra vous aider à prendre de meilleures décisions.
Fonctionnement général
Description d’une hormone
Tout d’abord, qu’est-ce que c’est qu’une hormone ?
C’est ce qu’on appelle un messager chimique, c’est à dire une molécule qui est utilisée par un organe pour envoyer un message à un autre organe situé à distance dans l’organisme.
En pratique, il va y avoir une sécrétion d’hormones (testostérone, œstrogènes, etc) par un organe (par exemple : les ovaires ou les testicules) qui va circuler dans le sang jusqu’à atteindre des récepteurs situés sur des cellules dans une tout autre partie du corps (la poitrine, la peau, etc).
L’intérêt principal, c’est que ça permet d’envoyer un message non pas seulement à une partie du corps qui serait proche, mais n’importe où dans l’organisme. Il suffit juste que la cellule cible ait les récepteurs qui aillent bien.
Une analogie qu’on fait souvent pour mieux comprendre comment fonctionnent les hormones, c’est de les comparer à des clés qui ouvriraient des serrures.
Les hormones sont des clés et les récepteurs sont des serrures.
Ainsi, les œstrogènes sont des clés qui ouvrent les serrures de type œstrogéniques (c.a.d des molécules qui se lient à un récepteur), mais qui seraient incapables d’ouvrir les serrures de type androgéniques. Et la testostérone, c’est tout simplement l’inverse.
Affinité de liaison
Pour aller un peu plus loin, on va parler de l’affinité de liaison (ou binding affinity en anglais). Il s’agit d’un indicateur utilisé pour décrire les chances qu’a une hormone de se lier à son récepteur correspondant.
Pour continuer avec la métaphore de la clé, c’est la facilité qu’on va avoir à insérer la clé dans la serrure.
- Vous avez un fort taux d’affinité : vous rentrez facilement la clé dans la serrure sans forcer.
- Vous avez un taux un peu plus bas, la clé rentre toujours, mais pas du premier coup, vous devez vous y reprendre à plusieurs reprises.
- L’affinité vaut 0, vous pouvez forcer autant que vous voulez, la clé ne rentrera jamais dans la serrure
En pratique, ceci va servir à classer toutes les hormones selon cette capacité à se lier plus ou moins facilement à des récepteurs. Par exemple, l’estrone a une affinité de liaison bien plus faible que l’estradiol, c’est ce qui fait qu’elle va être considérée comme beaucoup moins efficace car elle se liera beaucoup moins aux récepteurs œstrogéniques
Agonistes et antagonistes
Il ne suffit pas pour une hormone de se lier à un récepteur, il faut encore qu’elle puisse l’activer pour déclencher ses effets.
Pour reprendre notre comparaison, ça revient à dire qu’il ne suffit pas de pouvoir faire rentrer la clé dans une serrure, encore faut-il pouvoir la tourner pour ouvrir la serrure avec.
Une forte efficacité : la clé tourne sans soucis et ouvre la porte facilement. On dit que l’hormone est un agoniste du récepteur.
Une efficacité nulle : la clé a beau rentrer dans la serrure, elle ne déclenche pas le mécanisme et n’a aucun moyen d’ouvrir la porte. Pire que ça, comme elle est rentrée dans la serrure, elle empêche même une autre clé de venir ouvrir la porte. C’est le mécanisme d’un bloqueur, ou antagoniste, qui va par exemple être utile pour certains anti-androgènes dans le cas d’un THS
Les hormones stéroïdiennes
Il s’agit d’un sous-groupe des hormones qui font également partie du groupe des stéroïdes.
On va les regrouper en 5 catégories qui sont les glucocorticoïdes, les minéralocorticoïdes, les androgènes, les œstrogènes et les progestatifs.
En pratique, ces hormones vont avoir la particularité d’activer des récepteurs qui ne se trouvent pas à la surface des cellules, mais directement à l’intérieur. Une fois lié à un récepteur, l’ensemble va permettre d’activer la transcription d’une partie spécifique de l’ADN qui ne serait pas activée autrement.
L’activation des gènes va alors permettre la synthèse d’un brin d’ARN messager, puis enfin la synthèse d’une protéine qui va pouvoir agir sur l’organisme
Les hormones sexuelles
Les hormones sexuelles sont une sous-partie des hormones stéroïdiennes. On les classe principalement en 3 grandes catégories :
- Androgènes
- Estrogènes
- Progestatifs
On appelle œstrogènes par exemple tout ce qui peut activer le récepteur œstrogénique. Ceci signifie qu’il n’y a pas qu’une seule molécule d’œstrogène, mais plusieurs comme l’estradiol, l’estrone et l’estriol. Du moment qu’elle « rentre » dans le récepteur correspondant, c’est un œstrogène.
C’est de même pour les autres hormones. Ainsi il existe plusieurs sortes d’androgènes (La testostérone et la DHT pour les plus connues) et plusieurs sortes de progestatifs (la progestérone ainsi que tous les progestatifs de synthèse).
Régularisation des taux hormonaux par le corps
Le corps humain possède un système dédié pour autoréguler ses taux hormonaux, c’est ce qu’on appelle l’axe HPG (hypothalamo-pituito-gonadique)
L’hypothalamus, situé dans le cerveau, sécrète naturellement une hormone appelée GnRH à intervalle régulier.
Cette GnRH va stimuler une autre glande située dans le cerveau appelée glande pituitaire antérieure. Selon la quantité et la fréquence de GnRH reçue, celle-ci va alors sécréter une plus ou moins grande quantité d’hormones folliculostimulante (FSH) et lutéinisante (LH).
Ces 2 hormones vont alors voyager jusqu’aux gonades (c’est à dire : les ovaires ou testicules) pour :
- provoquer la production d’œstrogène et de progestérone en présence d’ovaires
- provoquer la production de testostérone en présence de testicules
Enfin, la présence d’hormones sexuelles dans le corps vient limiter la production de GnRH et de LH et FSH. Tout ceci forme donc un équilibre permettant d’assurer un niveau relativement constant d’hormones sexuelles.
L’introduction d’hormones via le THS va ainsi permettre de modifier cet équilibre et permettre de stopper naturellement la production d’hormones sexuelles par le corps.