Principes de base du THS Féminisant

Le but du Traitement Hormonal Substitutif Féminisant (THS) est de modifier les taux d’hormones sexuelles du corps afin de féminiser le corps et d’atteindre des taux considérés comme féminins.

Un THS peut être prescrit par un praticien (médecin généraliste, endocrinologue ou gynécologue) après un bilan de santé. Si vous êtes mineur·e, vous aurez besoin de l’autorisation de tous vos parents.

Plus d’information sur notre article : Comment commencer un traitement hormonal ?

Les principes présentés dans cet article :

  • 1 : Supprimer et/ou bloquer la testostérone jusqu’à atteindre des valeurs féminines
  • 2 : Augmenter les taux d’estradiol dans des valeurs féminines
  • 3 : Commencer par des doses d’œstrogènes en faible quantité puis augmenter progressivement
  • 4 : Démarrer la progestérone seulement après le stade 3 de Tanner 

Principes de base

Plusieurs méthodes existent pour procéder à un THS féminisant. Selon les méthodes, l’efficacité de la féminisation peut varier, mais aussi les risques sur la santé mentale et physique.

Dans tous les cas, il est nécessaire de respecter les 2 points suivants pour obtenir une féminisation du corps :

Point 1 : Supprimer et/ou bloquer la testostérone jusqu’à atteindre des valeurs féminines

C’est-à-dire un taux compris entre 0,15 et 0,55 ng/mL de testostérone totale dans le sang (contre 2,5 à 10 ng/mL pour des valeurs masculines). Cette étape est capitale. En effet, la testostérone bloquant l’action des œstrogènes, aucune féminisation ne pourra avoir lieu sans un blocage suffisant de la testostérone.

Sources

“For transgender care, The Endocrine Society recommends monitoring of the total testosterone level, with a target range of <55ng/dl” https://transcare.ucsf.edu/guidelines/feminizing-hormone-therapy

Point 2 : Augmenter les taux d’estradiol dans des valeurs féminines

Il est plus difficile de comparer les taux en estradiol d’une femme cisgenre avec une femme trans, car les femmes cis ont un taux qui varie selon la période du mois, là où il va être stable pour une femme trans.

En général, on considère qu’un bon taux d’estradiol pour une femme trans est situé entre 60 pg/mL (valeur faible plutôt pour un début de THS uniquement) et 200 pg/mL.

Selon les profils, il peut être nécessaire de faire monter le taux au-delà de ces valeurs. En particulier, si vous ressentez un manque d’énergie, de libido, une instabilité émotionnelle ou un début de dépression, ceci peut être un signe que vos taux d’œstrogènes sont trop faibles.

De même dans le cas où on ne prend pas d’anti-androgène et que l’on suit une monothérapie œstrogénique, il est courant de devoir monter les taux d’œstrogènes au delà des 200 pg/mL

Pour comparaison :

  • Pendant la puberté des filles cis, les taux sont généralement aux alentours des 40-60 pg/mL
  • À l’âge adulte, les taux peuvent varier entre 40 et 400 pg/mL
  • Pendant la grossesse, les taux en œstrogènes peuvent monter jusqu’à 40 000 pg/mL au maximum

Récapitulatif des taux chez les femmes cis à plusieurs états

Principes émergents 

⚠️ Ces principes n’ont pas encore été confirmés scientifiquement. Nous vous invitons donc à les considérer avec prudence.

Un certain nombre de médecins ajoutent les points 3 et 4 à ces règles, afin d’améliorer la féminisation :

Point 3 : Commencer par des doses d’œstrogènes en faible quantité puis augmenter progressivement

L’idée est à la fois de permettre d’anticiper un éventuel problème de santé et de permettre au corps de s’habituer progressivement à un nouvel équilibre hormonal. 

Éviter les doses trop importantes d’œstrogènes permet aussi pour les moins de 20 ans d’éviter de stopper brutalement le développement du squelette.

Il s’agit aussi de limiter les problèmes de développement, en particulier de la poitrine. Ceci se base sur les études qui ont été effectuées sur les inductions pubertaires, c’est à dire les situations où des médecins ont prescrit des THS à des filles cis qui n’ont pas de puberté naturelle ou ont une puberté tardive.

Sources

Brook C. G. 1985. Management of delayed puberty. Page 658 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1417655/

Zacharin M. 2000. Use of Androgens and Oestrogens in Adolescents – A Review of Hormone Replacement Treatment. Page 6 : https://doi.org/10.1515/JPEM.2000.13.1.3

Zacharin M. 2010. Disorders of ovarian function in childhood and adolescence: evolving needs of the growing child. An endocrine perspective. Page 5 : https://doi.org/10.1111/j.1471-0528.2009.02399.x

Point 4 : Démarrer la progestérone seulement après le stade 3 de Tanner 

Dans une puberté cis, la progestérone n’apparaît pas de manière significative avant le stade 4 sur l’échelle de Tanner qui mesure l’avancement physiologique de la puberté ; c’est à dire le stade avancé de la pousse des seins dans ce contexte.

On suspecte qu’elle viendrait indiquer au corps qu’il est temps de « terminer » le développement de la poitrine. C’est pour cette raison que certains médecins préfèrent attendre 2 ans de THS ou que la poitrine ait atteint au moins le stade 3 de Tanner, pour augmenter les chances d’une poussée de la poitrine optimale.

Par ailleurs, les études semblent indiquer qu’elle n’est pas nécessaire pour la féminisation des femmes trans. Commencer la progestérone avant peut alors être perçu d’autant plus comme un risque inutile.

Sources

Clin Obstet Gynecol. 2018 Dec;61(4):705-721

“Extrapolation from the experience in inducing breast growth in adolescent girls with absent or delayed pubertal development suggests that simultaneous initial administration of progestins with estrogen may result in abnormal and limited growth due to the simultaneous induction of ductal proliferation and terminal lobular differentiation. It is therefore recommended to initiate breast growth with estrogen alone until stability is reached with a consideration for trial of progesterone/progestin at that time. (…) In view of the known course of development in normal puberty, and a description of abnormal breast growth with the early addition of progestins, it seems prudent to hold off on adding progesterone/progestin therapy until initial estrogen-induced ductal growth is complete.”

J Clin Endocrinol Metab, January 2007, 92(1):10 –25

“To allow for normal breast and uterine development, it seems advisable to delay the addition of progestin at least 2 yr after starting estrogen or until breakthrough bleeding occurs.”

J Sex Med. 2014 May;11(5):1240-7. Clinical review: Breast development in trans women receiving cross-sex hormones.

“during pubertal induction in girls, early administration of progesterone is not recommended as premature initiation of progestin therapy can compromise ultimate breast growth [57].”

Ther Adv Endocrinol Metab 2019, Vol. 10: 1–27

“Pubertal data in people assigned female at birth (AFAB) (e.g. girls with Turner syndrome) argue for delaying progesterone as it causes ductal differentiation and may interfere with optimal breast development.68”

Bandeira, F., et al. (Eds.). (2013). Endocrinology and Diabetes: A Problem-Oriented Approach. Springer Science & Business Media. gbooks:U24AQAAQBAJ

“Initial therapy is with estrogen alone to maximize breast growth and to induce uterine and endometrial proliferation. Adding a progestin prematurely or administering combinations of estrogens and progestins early on may reduce ultimate breast size. Progestin is added to mimic the normal menstrual cycle after breast growth ceases (when full contour breast growth plateaus) or menses occur.”

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Documentation

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